Surveillance biologique de l’exposition : des outils de première ligne mis à jour
Par Maxime Bilodeau
24 octobre 2019
De nouvelles versions du Guide de surveillance biologique de l’exposition – Stratégie de prélèvement et interprétation des résultats (8e édition) et du Guide de prélèvement des échantillons biologiques (2e édition) ont été mises en ligne sur le site Web de l’IRSST.
Plusieurs travailleurs sont régulièrement en contact avec des contaminants chimiques, tels que l’arsenic ou le chrome, dans l’exercice de leurs fonctions. Une exposition répétée à ces substances, combinée à une mise en oeuvre déficiente de mesures de prévention, peut occasionner divers problèmes de santé. La surveillance biologique de l’exposition (SBE) est l’un des outils de prévention de première ligne mis à la disposition des médecins, hygiénistes et autres professionnels de la santé au travail. Celle-ci permet d’évaluer l’exposition globale des travailleurs en intégrant les différentes voies possibles (pulmonaire, cutanée, digestive) au moyen de la mesure du contaminant dans un échantillon prélevé dans un milieu biologique comme l’urine ou le sang.
Pour aider les intervenants à utiliser la bonne stratégie de prélèvement d’échantillons biologiques et à décoder correctement ce qui ressort de leur analyse, l’IRSST publie depuis plusieurs années le Guide de surveillance biologique de l’exposition — Stratégie de prélèvement et interprétation des résultats. La huitième édition de ce document de référence est parue cette année. « Nous avons essentiellement mis à jour la version précédente, qui datait de 2012. C’est un travail assez important : il a fallu éplucher la littérature scientifique des sept dernières années afin de rapporter les plus récentes données », explique Philippe Sarazin, chercheur en toxicologie à l’IRSST et auteur principal de ce guide.
Nouveautés
Les connaissances scientifiques relatives aux différentes substances ont ainsi été actualisées. Les indices biologiques d’exposition (IBE) du plomb, du mercure, du fluorure et du pentachlorophénol ont, par exemple, été modifiés. Quatre nouvelles fiches-contaminants ont aussi fait leur apparition, portant leur total à 33 ; le dichlorométhane, le 4,4’— diisocyanate de diphénylméthane, le diisocyanate d’hexaméthylène et le diisocyanate de toluène figurent désormais en annexe du document.
Une nouvelle section sur le mode de correction des résultats d’analyse urinaire en fonction du degré de dilution des urines a été ajoutée. De plus, de nouvelles stratégies d’interprétation des résultats de la SBE sont maintenant proposées. Certaines de celles-ci sont tout particulièrement pertinentes dans les situations où les intervenants ont peu d’échantillons biologiques sous la main. « C’est un cas de figure qui arrive fréquemment lorsque seulement quelques travailleurs ont fourni des échantillons », précise Philippe Sarazin.
Prélèvements
L’IRSST a également publié une nouvelle version du Guide de prélèvement des échantillons biologiques. Sept ans se sont écoulés depuis la parution de la première, en 2012, dit Sébastien Gagné, chimiste et auteur de ce document. « On y détaille la façon de mesurer adéquatement chaque substance fichée dans le Guide de surveillance biologique de l’exposition. En ce sens, ce sont deux outils qui s’accompagnent et se complètent bien », affirme-t-il. Le Guide de prélèvement des échantillons biologiques renseigne notamment sur les tubes ainsi que les contenants de prélèvement à utiliser et sur la manière de les remplir adéquatement.
La seconde édition du guide propose une mise à jour de certains biomarqueurs, comme celui du benzène. « Antérieurement, on se fiait à l’acide muconique. Aujourd’hui, c’est plutôt à l’acide s-phénylmercapturique qu’on se réfère », détaille le professionnel scientifique à la Direction des laboratoires de l’IRSST. De nouveaux biomarqueurs, comme le diaminodiphénylméthane, l’antimoine et le 1-hydroxypyrène urinaire ont fait leur entrée dans le guide. L’information relative aux tubes de prélèvements sanguins est aussi différente. « Les techniques analytiques évoluent et se raffinent sans cesse. L’anticoagulant, dans certains cas, n’était plus compatible avec les méthodes que nous utilisons aux laboratoires de l’IRSST. »
Pour en savoir plus
SARAZIN, Philippe, Jérôme Lavoué, Robert Tardif , Martine Lévesque. Guide de surveillance biologique de l’exposition – Stratégie de prélèvement et interprétation des résultats, T-03, 147 pages.
GAGNÉ, Sébastien. Guide de prélèvement des échantillons biologiques, T-25, 41 pages.