Priorités en santé et sécurité du travail pour les prochaines années

Par Olivier Poulin

9 octobre 2020

Automne 2020, vol. 33/3

Attendue par les partenaires et les milieux de travail, la Planification pluriannuelle en prévention-inspection 2020 à 2023 de la CNESST indique les priorités en matière de santé et de sécurité du travail (SST). Parmi les nouveautés qui la distinguent, on trouve l’abandon du concept de secteurs priorisés, la priorité concernant les risques psychosociaux liés au travail et la gestion des risques émergents et avérés.

Tous les secteurs d’activités visés

Contrairement à la planification pluriannuelle 2017‑2019, la mouture 2020‑2023 ne priorise aucun secteur d’activité. L’idée est que chaque milieu s’approprie les priorités en fonction de sa réalité. « Certains partenaires nous disaient ne pas voir leur secteur d’activité dans la planification pluriannuelle, car des secteurs y étaient priorisés. Nos consultations ont confirmé cette impression et nous avons voulu corriger la situation, commente Paola Diaz, chef du bureau de coordination à la Direction générale de la gouvernance et du conseil stratégique en prévention de la CNESST. Nos priorités touchent tous les secteurs d’activité, mais de façon différente ».

La prise en charge de la SST

Le monde du travail se transforme : la main‑d’œuvre se renouvelle, les nouvelles technologies redéfinissent nos modes de production et les formes d’organisation du travail se diversifient. Dans ce contexte, la CNESST a voulu mettre de l’avant la démarche de prévention au cœur de cette prise en charge de la SST, qui consiste à identifier, à corriger et à contrôler les risques et à favoriser la participation des travailleurs. La prise en charge de la SST favorise l’implantation de mesures de prévention durables et facilite un réel changement de comportement ainsi que l’intégration de bonnes pratiques.

Les priorités 2020-2023 en prévention‑inspection

Si les orientations générales demeurent essentielles dans une planification pluriannuelle, les employeurs et les travailleurs s’intéressent particulièrement aux aspects concrets, à ce qui les touche au quotidien. Y a-t-il de nouveaux risques prédominants? Les « tolérance zéro » demeurent-elles les mêmes? Les risques émergents et avérés, de quoi parle-t-on exactement? Et quelles sont les clientèles particulières?

Risques prédominants

En analysant les statistiques des lésions professionnelles survenues ces dernières années, la CNESST a établi cinq risques prédominants : le risque d’une chute de même niveau, le risque d’être frappé, coincé ou écrasé par un objet ou de l’équipement, le risque d’exposition au bruit, les risques psychosociaux liés au travail et les risques ergonomiques. « Sans être nouveaux, les risques psychosociaux et les risques ergonomiques sont mis de l’avant, car ils sont présents dans tous les milieux de travail », explique Paola Diaz.

Les risques psychosociaux liés au travail rappellent que la SST ne se limite pas à l’intégrité physique. La santé psychologique des travailleurs est également un enjeu important. D’ailleurs, depuis quelques années, les plaintes pour harcèlement psychologique ou sexuel déposées auprès de la CNESST présentent une tendance à la hausse. La Commission priorise trois risques psychosociaux en lien avec le travail : le harcèlement, la violence et l’exposition à des événements traumatiques.

Les risques ergonomiques associés aux troubles musculosquelettiques entraînent des limitations sérieuses et une perte de productivité. Les parties du corps les plus touchées sont le dos, les épaules, les coudes, les poignets, les mains et les genoux. Elles peuvent être affectées par une tâche physique excessivement difficile effectuée sans appliquer les techniques de travail sécuritaires, par une mauvaise posture ou par un mouvement particulier. Pour 2020‑2023, l’accent sera mis sur les risques en lien avec l’effort physique excessif et l’effort dynamique associé aux mouvements imposant un stress ou une tension, qu’il soit répétitif ou non.

Tolérance zéro

Les cibles de tolérance zéro représentent les dangers dont les conséquences peuvent être graves, voire mortelles. C’est pourquoi le manquement aux règles qui les entourent entraîne l’arrêt immédiat des travaux et peut donner lieu à des poursuites pénales. Les « tolérance zéro » continuent de s’appliquer aux risques suivants : chutes de hauteur de plus de trois mètres, chutes de hauteur à partir d’une échelle, contact avec une pièce en mouvement d’une machine, électrisation avec une ligne électrique aérienne sous tension, effondrement d’un échafaudage, effondrement des parois d’un creusement non étançonné, exposition aux poussières d’amiante, exposition aux poussières de silice et roches instables.

Risques émergents et avérés

Cette nouvelle priorité consiste à effectuer une vigie des risques faisant l’objet de recherches pour en établir la portée sur la SST et à assurer la gestion des risques nouvellement démontrés. Pour le besoin de la planification pluriannuelle, la CNESST considère les risques émergents comme des risques peu documentés, mais qui font l’objet de recherches scientifiques. Les risques avérés sont des risques confirmés comme étant nocifs et pour lesquels des actions de prévention doivent être élaborées. La CNESST élaborera un mécanisme pour assurer la prise en charge des risques émergents et avérés, qui sont souvent liés aux nouvelles technologies ou aux secteurs d’activité en développement.

« Même si la planification pluriannuelle en prévention-inspection ne fait pas explicitement référence aux risques biologiques liés à la pandémie de COVID‑19, elle met l’accent sur la prise en charge de la santé et de la sécurité du travail (SST). Et c’est justement en s’assurant de bien prendre en charge la SST que les milieux de travail pourront contrôler le risque lié au coronavirus. »

– Paola Diaz

Crise sanitaire

La crise sanitaire actuelle force les employeurs et les travailleurs à mettre beaucoup d’énergie sur les risques liés à la COVID‑19, mais il ne faut pas délaisser la prévention des autres risques. Les milieux de travail doivent redoubler d’ardeur dans leurs efforts de prévention en matière de santé et de sécurité du travail pour lutter contre le coronavirus autant que contre les risques quotidiens.

Clientèles particulières

La CNESST s’intéresse aux personnes présentant un cumul de facteurs de risque qui accroissent la probabilité d’une lésion professionnelle. Des études démontrent que les travailleurs les plus affectés sont ceux qui ont été récemment embauchés ou nouvellement affectés à leur poste, sans distinction d’âge. La nouveauté en emploi serait donc un facteur de risque important pour la SST. Les activités de prévention auprès des personnes qui se retrouvent en situation de nouveau travailleur vont donc se poursuivre. Les travailleurs issus de l’immigration récente et les jeunes de 24 ans et moins sont particulièrement visés, car ils occupent souvent de nouveaux emplois et font fréquemment face à un cumul de facteurs de risque.

Pour en savoir plus

cnesst.gouv.qc.ca/pluriannuelle

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