Prévention des agressions canines : un dossier qui a du mordant!

Par Karolane Landry et Julie Mélançon

21 juin 2020

Été 2020, vol. 33/2

Dans le cadre de leur travail, des préposés à l’entretien des parcs, des inspecteurs municipaux, des patrouilleurs animaliers, mais aussi des policiers et des pompiers sont exposés au risque d’agression canine.

Bon an, mal an, une moyenne de cinq événements avec des morsures par des chiens sont déclarés à la CNESST pour l’ensemble du secteur municipal uniquement, et ce, sans compter toutes les agressions qui ne sont pas déclarées. Dans ce contexte, des organisations municipales ont demandé à l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur « affaires municipales » (APSAM) de mettre au point des outils de prévention. « Les municipalités s’échangeaient des informations, mais aucun document n’était disponible à l’échelle provinciale », explique Annie-Claude Larivière, conseillère en prévention à l’APSAM. C’est ainsi qu’un comité paritaire composé de représentants de l’APSAM et de plusieurs villes a été mis sur pied. Une médecin vétérinaire et formatrice experte en comportement canin a également accompagné le comité dans ses travaux.

En parallèle, plusieurs changements sont survenus sur le plan législatif. Le gouvernement du Québec a notamment adopté le Règlement d’application de la Loi visant à favoriser la protection des personnes par la mise en place d’un encadrement concernant les chiens, en vigueur depuis le 3 mars 2020. Celui-ci impose des mesures d’encadrement pour tous les chiens et ceux qui ont été déclarés potentiellement dangereux. Les municipalités ont le pouvoir d’exiger qu’un chien soit soumis à une évaluation, de procéder à une inspection, à une perquisition et à une saisie. Elles peuvent imposer des sanctions pénales au propriétaire ou au gardien de l’animal. Enfin, il est possible d’édicter des mesures plus sévères que celles prévues dans le Règlement.

Les travaux du comité paritaire ont porté leurs fruits, et l’APSAM a élaboré un dossier complet comprenant des statistiques, des mesures de prévention, une section sur les premiers secours et premiers soins, une foire aux questions, un jeu-questionnaire, un aide-mémoire illustré, etc. « Dans un premier temps, nous avons constitué un portrait global des travailleurs susceptibles d’être exposés à des chiens dans le cadre de leurs fonctions, explique Annie-Claude Larivière. Il peut s’agir d’un col bleu attitré à l’entretien des parcs et des espaces verts, d’un inspecteur municipal qui se rend au domicile d’un citoyen, d’un animateur de camp de jour qui se promène dans les parcs avec les enfants, etc. » Les exemples ne manquent pas.

POSTURE SÉCURITAIRE : Debout, les mains vers le bas, en regardant de côté. Ne fixez pas le chien dans les yeux parce qu’il peut se sentir menacé.
EN CAS DE DANGER IMMÉDIAT : Si le chien est très menaçant et que vous craignez pour votre sécurité immédiate, placez-vous en boule au sol, les mains croisées, en protégeant votre visage et votre cou.
Pour en savoir plus : apsam.com/chiens

Des mesures de prévention simples, mais efficaces!

Il est important de rappeler que toute race de chien peut mordre, et ce, peu importe sa taille. Pour prévenir les agressions canines, plusieurs méthodes peuvent être mises en place. Il faut d’abord évaluer la possibilité d’éliminer complètement le contact avec l’animal. « On peut éliminer le risque par exemple en convoquant les citoyens à nos bureaux, lorsque cela est possible », explique Mme Larivière. Les municipalités peuvent également rendre disponible un registre inventoriant les animaux présents sur les lieux où les travailleurs doivent se rendre dans le cadre de leur travail. Ils sont ainsi informés de la présence d’un chien avant même d’arriver sur les lieux.

Des méthodes de travail sécuritaires doivent être mises au point, en tenant compte des tâches effectuées par les travailleurs et du contexte de celles-ci. « Peu importe le risque en santé et sécurité du travail, il faut évaluer la situation dans laquelle les tâches sont réalisées et s’assurer que les mesures de prévention sont adaptées », rappelle Christine Lamarche, conseillère en prévention à l’APSAM. Par exemple, les mesures seront différentes si l’inspecteur municipal intervient dans un parc ou s’il se rend au domicile d’un citoyen. Toutefois, le but premier est toujours d’éviter qu’un chien en liberté se trouve près d’un travailleur. Lorsqu’un employé prend contact avec un client qui possède un chien, il peut lui donner des consignes claires : le chien doit se trouver dans une pièce fermée ou dans une cage, jusqu’à ce que le travailleur quitte les lieux. Dans tous les cas, lorsqu’un travailleur arrive chez un client, il doit analyser l’environnement pour pouvoir réagir rapidement en cas de problème. À la fin d’une intervention, si un registre de consignation des animaux existe, il est important d’inscrire ou de confirmer la présence d’un chien à l’adresse en question. Si l’intervention se produit dans un lieu public, une analyse de l’environnement doit préalablement être faite pour que les travailleurs soient prêts à réagir à un risque imminent. Finalement, dans un parc canin, il est primordial de savoir comprendre le langage canin, et il est recommandé d’avoir suivi une formation liée aux interventions dans ce contexte. Le dossier constitué par l’APSAM fournit de nombreuses recommandations détaillées en fonction de divers contextes de travail.

Les travailleurs doivent retenir qu’à tout moment, peu importe l’intervention ou la tâche à réaliser, s’ils jugent que ce n’est pas sécuritaire, il ne faut pas hésiter à se retirer. Si malheureusement il y a agression, elle doit être déclarée auprès de l’employeur, et des mesures de premiers secours et de premiers soins doivent être données. « La déclaration des événements est importante, notamment pour gérer les prochaines actions. Si on ne sait pas qu’il y a eu une attaque à un certain domicile, il est possible qu’un autre employé y retourne le lendemain et qu’il lui arrive la même chose », affirme Mme Lamarche.

Des municipalités exemplaires

À la Ville de Thetford Mines, des mesures ont été mises en place pour prévenir les agressions canines. À titre d’exemple, à la suite d’un accident de travail impliquant une travailleuse et un chien, la municipalité a pris des mesures pour mieux protéger ses employés. « Lorsque les travailleurs consultent en ligne les dossiers d’un citoyen, un avertissement apparaît lorsque celui-ci possède un chien agressif ou jugé dangereux qui nous a été déclaré ou ayant un historique de morsure. Déjà, il s’agit d’une mise en garde pour nos travailleurs avant même qu’ils prennent rendez-vous avec le client. Nous avons mis en place une procédure pour que les travailleurs de tous les services de la Ville (police, incendie, travaux publics, urbanisme, etc.) puissent intégrer des commentaires dans les dossiers des citoyens », mentionne Véronique Gamache, conseillère en santé et sécurité du travail à la Ville de Thetford Mines.

Par exemple, pour le Service de police, « lorsqu’un appel entre au 9-1-1, le répartiteur sait déjà si un chien agressif ou dangereux a été déclaré à cette adresse. Les intervenants peuvent donc se préparer à mieux intervenir en amont, et ce, même en situation d’urgence », indique Mme Gamache. « Je rencontre aussi tous les employés pour les sensibiliser à cette réalité », ajoute-t-elle. Plusieurs autres mesures ont été mises en place, notamment l’instauration d’un protocole pour déclarer tous les incidents et la création d’une fiche de prévention à notre programme. Bref, les quatre comités de santé et sécurité de la Ville ont pris le dossier au sérieux et ont été parties prenantes dans ce dossier!

Du côté de la patrouille animale de la Ville de Montréal, les travailleurs reçoivent tous une formation sur les comportements canins avec un médecin vétérinaire. « Ils doivent aussi suivre des procédures lorsqu’ils abordent les citoyens. Premièrement, si l’animal n’est pas déjà attaché, on lui demande de le mettre en laisse courte. Nos travailleurs ne peuvent pas s’approcher à l’intérieur du rayon de la laisse. De plus, lorsqu’un patrouilleur animalier désire vérifier les médailles, on demande au propriétaire de l’animal de donner le numéro y figurant. De cette façon, le travailleur n’a pas à se pencher vers le chien pour regarder », précise Julie Millette, chef de section en gestion animalière à la Ville de Montréal.

Même si les chiens peuvent être très mignons, il ne faut jamais laisser sa vigilance de côté. Les travailleurs qui s’affairent sur des propriétés privées ou dans des espaces publics doivent se méfier de tous les chiens, en tout temps. Leur comportement peut changer très rapidement, d’une minute à l’autre!

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