Prévenir les risques liés à la santé psychologique au travail

Par Gabrielle Fallu

14 novembre 2023

Billion Photos/Shutterstock.com

La prévention au travail étant au coeur de sa mission, la CNESST s’intéresse aux risques à la santé psychologique liés au travail. C’est pourquoi elle propose des mesures dont l’objectif est de mettre en lumière la présence de ces risques dans le quotidien des travailleuses et des travailleurs ainsi que les façons de les réduire et de les contrôler. Lili-Luisa Lepore, conseillère experte en prévention-inspection, domaine de la santé psychologique à la CNESST, nous aide à définir les risques à la santé psychologique liés au travail et nous donne des pistes de solution.

Les risques à la santé psychologique liés au travail peuvent affecter toutes les travailleuses et tous les travailleurs. Pour les prévenir, il est essentiel de bien les identifier. Selon Lili-Luisa Lepore, il y a plusieurs façons de définir le risque à la santé psychologique dans les milieux de travail. « Je dirais que c’est un risque à la santé autant psychologique que physique, dit l’experte. C’est pourquoi la prise en charge de ces risques par les milieux de travail est nécessaire. Il faut que les travailleuses et travailleurs participent activement à la démarche de prévention afin de les identifier et de trouver des mesures de prévention pour les réduire et les contrôler. »

Démystifier et prévenir la violence

Les risques psychosociaux (le harcèlement, la violence et l’exposition à un événement traumatique, par exemple) peuvent être présents en milieu de travail. Toutefois, comme le souligne Mme Lepore, certains risques sont plus souvent rapportés à la CNESST, et c’est le cas de ceux en lien avec la violence. Ces derniers peuvent entraîner des conséquences importantes, comme des blessures physiques ou des troubles psychologiques ou musculosquelettiques.

La violence peut prendre différentes formes en milieu de travail. Elle peut être physique ou psychologique, ce qui inclut la violence conjugale, familiale ou à caractère sexuel. Mme Lepore explique qu’il y a deux grandes catégories de violence dans les milieux de travail : la violence interne et la violence externe. La violence interne se manifeste entre les membres du personnel provenant de tous les niveaux hiérarchiques d’une même organisation, y compris le personnel d’encadrement.

La violence externe, quant à elle, peut s’exprimer entre des travailleurs et toute autre personne présente dans le milieu de travail sans lien d’emploi avec celui-ci, comme un client, un patient, un élève ou un fournisseur. Une situation qui correspond à du harcèlement au travail peut comprendre une ou plusieurs formes de violence. Toute forme de violence doit être dénoncée, car elle peut nuire à l’intégrité physique ou psychique de la personne qui la subit.

« La violence est un risque priorisé par la CNESST. Il y a une augmentation de 25,7 % du nombre de lésions professionnelles acceptées et inscrites entre 2018 et 2021 en lien avec toutes les formes de violence, qu’elles soient internes ou externes », affirme l’experte en prévention-inspection.

Comprendre l’importance des événements traumatiques

Lili-Luisa Lepore explique que l’exposition à des événements potentiellement traumatiques est un autre risque priorisé par la CNESST. Ce type d’événement peut présenter une menace à la vie ou à l’intégrité physique ou psychique de la personne. Il est possible d’y être exposé notamment en étant victime ou témoin d’un événement grave en contexte de travail (comme une menace de mort, une blessure grave, de la violence sexuelle ou un décès). Mentionnons que les travailleuses et travailleurs exposés à de la violence dans leur milieu de travail sont plus à risque de souffrir d’un trouble de stress post-traumatique, d’où l’importance de mettre en place des mesures de prévention pour réduire les risques de violence. Les travailleuses et travailleurs exposés indirectement, de manière répétée ou extrême, aux détails d’un événement potentiellement traumatique sont aussi à risque.

La charge de travail : un facteur de risque à prendre en compte

Il existe également des facteurs de risque psychosociaux liés au travail qui peuvent influencer la santé physique et psychologique des travailleurs, dont la charge de travail. Une charge de travail élevée correspond à la quantité et à la complexité des tâches à accomplir dans un contexte donné. Le facteur de risque de charge de travail élevée est influencé par les exigences physiques, intellectuelles ou émotionnelles élevées et le manque de ressources. Il existe d’autres facteurs de risque reconnus, tels que le faible soutien des collègues ou la faible justice organisationnelle. D’ailleurs, certains facteurs de risques psychosociaux, parfois seuls, mais le plus souvent en combinaison, peuvent influencer la santé physique et psychologique des travailleurs. Ces facteurs doivent être considérés de façon globale, comme interagissant les uns avec les autres, plutôt que d’être pris isolément. Les employeurs et les travailleurs doivent demeurer vigilants face à ces derniers. « La charge de travail élevée, c’est un peu comme un mécanisme humain, explique Mme Lepore. En effet, l’être humain est fait de telle façon que son corps répond immédiatement aux situations difficiles, comme le stress au travail. Par exemple, si l’on travaille dans une boutique au centre commercial en décembre, on sait qu’il s’agit d’une période durant laquelle la charge de travail est élevée. Toutefois, comme elle est temporaire, l’impact sera moins important que lorsqu’on passe six ou sept mois à avoir une charge de travail élevée chaque jour. »

Réduire les risques au maximum

L’objectif de la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) est de viser l’élimination à la source même des dangers pour la santé, la sécurité et l’intégrité physique et psychique des travailleurs. « On ne peut pas toujours les éliminer complètement, mais on peut facilement réduire ces risques le plus possible, dit Mme Lepore. Quand les travailleuses et travailleurs sont outillés et qu’ils sentent que l’employeur se préoccupe de la prévention des risques à la santé psychologique liés au travail, ça aide énormément à l’acquisition de ces concepts. »

L’experte en prévention-inspection termine en expliquant qu’il importe d’adapter les mesures choisies au milieu de travail : « La base, c’est l’identification du risque et la mise en place de mesures de prévention, dit-elle. Plusieurs mesures de prévention existent et sont présentées sur les pages Web et les différents outils de la CNESST qui abordent ce sujet. Les milieux de travail peuvent les consulter et voir ce qui peut s’appliquer à eux. À titre d’exemple, l’employeur peut instaurer une politique en matière de violence ou donner des formations, entre autres,
pour bien analyser les risques et les prévenir. Les employeurs, les travailleuses et travailleurs doivent collaborer et être créatifs pour trouver des pistes de solution, et ils doivent prendre les mesures nécessaires pour réduire les risques à la santé psychologique liés au travail. »

Pour en savoir plus

Visitez la page Santé psychologique, sur le site Web de la CNESST.

3 risques psychosociaux priorisés par la CNESST :

  • la violence physique ou psychologique, qui inclut la violence conjugale, familiale ou à caractère sexuel
  • le harcèlement
  • l’exposition à un événement potentiellement traumatique

Exemples de facteurs de risques psychosociaux :

  • la charge de travail élevée
  • la faible autonomie décisionnelle
  • le faible soutien des collègues et du gestionnaire
  • la faible justice organisationnelle
  • le manque de reconnaissance

* Les facteurs de risques psychosociaux, parfois seuls, mais le plus souvent en combinaison, peuvent représenter un risque pour la santé, la sécurité et l’intégrité physique et psychique. Ainsi, ils doivent être considérés globalement, comme interagissant les uns avec les autres, plutôt que d’être pris de façon isolée.

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