Portrait des lésions professionnelles : une étape clé de la prévention

Par KAROLANE LANDRY

17 octobre 2022

En 2015-2016, le nombre de lésions professionnelles avec perte de temps indemnisée (PTI) par la CNESST était légèrement en baisse par rapport à la période couverte dans l’étude précédente (2010-2012). Cependant, les indicateurs de certains secteurs d’activité économique restaient toujours aussi élevés. C’est ce qu’une étude de l’IRSST a permis de démontrer. Cap sur les résultats.

« C’est le portrait statistique le plus détaillé sur les lésions indemnisées au Québec. Il sert à identifier les regroupements de travailleurs, que ce soit en fonction du sexe, de l’âge, de la catégorie professionnelle ou du secteur d’activité, qui présentent les problèmes de SST les plus importants. Il nous permet notamment de lever des drapeaux par rapport à une multitude d’indicateurs », indique Marc-Antoine Busque, professionnel scientifique à l’IRSST. On y apprend entre autres que depuis 1995, le nombre de lésions avec PTI a diminué de près de 50 %, passant de 127 000 à environ 64 000 et 66 000 pour les années 2015 et 2016 respectivement. Cependant, la période 2015-2016 marque un point de bascule dans cette tendance puisqu’on observe une hausse depuis.

Les travailleurs manuels, toujours en tête de liste

En général, les regroupements de personnel qui présentent les plus importants problèmes de SST se composent de travailleurs manuels. « Cette donnée reste stable. L’appartenance à la catégorie professionnelle manuelle est la caractéristique qui influence le plus à la hausse les divers indicateurs de groupes cibles », mentionne le professionnel scientifique. D’ailleurs, les regroupements le plus souvent inclus dans les groupes cibles identifiés dans l’étude sont ceux des travailleurs manuels des secteurs des entrepreneurs spécialisés de la construction, du transport par camion, de la fabrication des produits en plastique et en caoutchouc ainsi que des administrations publiques locales, municipales et régionales.

En ce qui concerne les groupes cibles qui ressortent le plus en termes de coût moyen par lésion, les travailleurs manuels de la foresterie et de l’exploitation forestière apparaissent au premier rang. Les suivent les travailleurs non manuels et mixtes des entrepreneurs spécialisés de la construction et les travailleurs mixtes de la construction de bâtiments et des travaux de génie civil.

Les hommes, plus fréquemment blessés au travail

De 2010-2012 à 2015-2016, le nombre annuel moyen de lésions avec PTI a augmenté de 4,4 % chez les femmes, alors qu’il diminuait de 10,7 % chez les hommes. Toutefois, les personnes de sexe masculin conservent le plus haut taux de fréquence des lésions. L’analyse selon la catégorie professionnelle montre cependant que le taux de fréquence chez les femmes est plus élevé que celui des hommes dans le cas des professions manuelles et non manuelles, tandis qu’il est égal à celui des hommes dans les professions mixtes. Cela s’explique par le fait que les hommes et les femmes ne se répartissent pas également dans les diverses professions et que lorsqu’ils occupent les mêmes emplois, ils n’exercent pas nécessairement les mêmes tâches. « Par exemple, les hommes sont plus présents dans les métiers manuels, ils s’exposent donc à des risques plus élevés », explique Marc-Antoine Busque. Effectivement, 40 % des hommes contre 14 % des femmes exercent des professions manuelles.

Des différences entre les hommes et les femmes sont également constatées quant au taux de fréquence-gravité, un indicateur qui combine le taux de fréquence des lésions et la durée d’absence du travail. « Dans ce cas aussi, l’indicateur global est plus élevé chez les hommes. Mais quand on l’analyse par catégorie professionnelle, on voit que les femmes ressortent avec des taux plus élevés dans chaque catégorie », ajoute Marc- Antoine Busque. Par ailleurs, les travailleuses ont davantage de problèmes de SST du point de vue de la durée moyenne d’indemnisation et de la proportion des lésions avec réadaptation.

L’âge : un facteur non négligeable

« En matière de risque, il y a peu de différences d’un groupe d’âge à un autre. Par contre, en ce qui concerne la gravité, que ce soit les durées moyennes, le coût moyen par lésion et la proportion de cas avec atteinte permanente, on voit une gradation nette avec l’âge », remarque Marc-Antoine Busque.

En 2015-2016, près de 7 500 lésions ont été observées chez les jeunes de 15 à 24 ans. On constate également que les travailleurs manuels occupent une bien plus grande place parmi cette tranche d’âge. Le taux de fréquence de leurs lésions s’avère ainsi relativement plus élevé. Par ailleurs, parmi ce groupe d’âge, ce sont les travailleurs manuels des services de gestion des déchets et d’assainissement, des grossistes et distributeurs de produits alimentaires, de boisson et de tabac, des entrepreneurs spécialisés de la construction et des établissements de soins infirmiers et de soins pour bénéficiaires internes, des services de soins ambulatoires et des services d’assistance sociale qui présentent les plus hauts taux de fréquence-gravité.

D’un autre côté, on note que la durée moyenne d’indemnisation augmente avec l’avancée en âge, passant de près de 60 jours chez les 15 à 24 ans à 150 jours chez les 55 ans ou plus. La proportion de lésions professionnelles comportant une atteinte permanente à l’intégrité physique ou psychique s’accroît aussi avec l’âge, passant de 7,5 % chez les 15 à 24 ans à 21,1 % chez les 55 ans ou plus.

La nature des lésions

Sans grande surprise, le dos est la partie du corps la plus fréquemment atteinte, suivi des mains et des doigts, des sièges multiples, de l’épaule et du genou. L’étude note que les genres d’accidents les plus fréquents, tous secteurs d’activité confondus, sont les chutes de même niveau, glisser ou trébucher, être frappé par de l’équipement ou des objets et les efforts excessifs pour accomplir des tâches. L’analyse par catégorie professionnelle montre que les cas de chutes de même niveau sont proportionnellement plus importants parmi les travailleurs non manuels, alors qu’il s’agit du fait d’être frappé par de l’équipement ou des objets et les efforts excessifs parmi les professions manuelles.

« Après avoir mis en lumière les résultats les plus importants, il sera plus facile d’orienter la recherche en SST et de faire ressortir les groupes les plus problématiques », ajoute Marc-Antoine Busque. Ce rapport contribuera également à la prise de décision visant les efforts de prévention des comités de SST.

Pour en savoir plus

Rapport : irsst.info/s-1150
Annexe : irsst.info/sa-1150

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