Productivité

Le nouveau visage du télétravail

Par Lyndie Lévesque et Geneviève Chartier

20 Décembre 2022

On le sait : la pandémie de COVID-19 a entraîné de profonds changements dans nos habitudes de travail. Selon les données de Statistique Canada, au début de 2021, 32 % des travailleuses et des travailleurs canadiens âgés de 15 à 69 ans effectuaient la plupart de leurs heures de travail à partir de la maison, comparativement à 4 % en 2016! Depuis ce temps, et avec le « retour à la normale », le mode de travail hybride s’est démocratisé dans plusieurs milieux. Toutefois, une question demeure : sommes-nous plus ou moins productifs lorsque nous sommes en télétravail?

Les données d’une étude réalisée par Statistique Canada diffusée en 2021 indiquent que 90 % des répondantes et des répondants au sondage ont déclaré être au moins aussi productifs à la maison que dans leur lieu de travail habituel. Plus de la moitié d’entre eux (58 %) ont déclaré accomplir à peu près la même quantité de travail par heure, tandis que le tiers (32 %) des répondants ont déclaré être plus productifs. Les 10 % restants ont mentionné accomplir moins de travail par heure en télétravail qu’auparavant, lorsqu’ils se trouvaient dans leur lieu de travail habituel. Il est à noter que ces tendances sont très semblables chez les hommes et chez les femmes.

Les oubliés de la productivité

Les travailleuses et les travailleurs ayant déclaré être moins productifs en télétravail font face à différents obstacles. Pour 22 % des répondantes et des répondants, le manque d’interaction avec les collègues est la principale raison pour laquelle ils accomplissent moins de travail par heure. De plus, près de 20 % d’entre eux ont déclaré devoir s’occuper d’enfants ou d’autres membres de la famille. Les autres ont été confrontés à différents défis, comme l’accès à de l’information ou à des appareils liés au travail (11 %), l’obligation de travailler davantage pour que les choses se fassent (13 %), le fait d’avoir un espace de travail inapproprié (10 %) ou d’éprouver des difficultés avec la vitesse de leur connexion Internet (5 %).

Définir le futur du télétravail

Si elles avaient eu le choix de continuer à télétravailler ou de retourner au bureau après la crise sanitaire, qu’auraient préféré les personnes sondées? À cette question, 39 % d’entre elles ont répondu qu’elles auraient voulu travailler la plupart (24 %) ou la totalité (15 %) de leurs heures à la maison. À l’inverse, 20 % ont déclaré qu’elles auraient préféré travailler la plupart (11 %) ou la totalité (9 %) de leurs heures à l’extérieur de la maison. Enfin, 41 % ont indiqué qu’elles préféraient alterner les deux lieux de travail.

Ainsi, les préférences des travailleuses et des travailleurs en matière de télétravail seraient intrinsèquement liées à leur productivité. Parmi les individus ayant déclaré accomplir plus de travail par heure, 57 % préféraient travailler la plupart ou la totalité de leurs heures à la maison. C’est presque le double du taux de 30 % observé chez les autres travailleuses et travailleurs. Ces chiffres semblent confirmer que l’évaluation de notre productivité influencerait grandement nos préférences en matière de télétravail. (L.L.)

Télétravail et mode hybride : à quoi faut-il s’attendre à long terme?

Après plus de deux ans de pandémie, que disent les experts au sujet des nouveaux modes d’organisation du travail? Est-il justifié de croire que les gens sont plus productifs en télétravail ou est-ce que cela est de moins en moins vrai?

« Pour le moment, il y a très peu d’études sur le sujet parce que, d’un point de vue strictement scientifique, la pandémie est encore récente, dit Catherine Raymond, chercheuse postdoctorale au Laboratoire du stress, trauma, émotions, anxiété et mémoire (STEAM lab), à l’UQÀM. Les études existantes semblent démontrer que le télétravail a eu certains effets positifs sur le sentiment perçu d’efficacité… c’est-à-dire sur l’impression subjective qu’ont les gens de leur propre productivité. »

D’ailleurs, Mme Raymond mentionne qu’un récent sondage mené par Statistique Canada suggère aussi une augmentation de la productivité des milieux de travail au cours de l’année ayant suivi le confinement majeur lié à la COVID-19. « On parle même de la plus grande augmentation de productivité jamais enregistrée depuis 1981! Reste à savoir si cette productivité persistera… », poursuit-elle. D’autant plus qu’après plus de deux ans de pandémie, certaines personnes semblent commencer à ressentir une certaine ambivalence. « On constate en effet une ambiguïté quant à l’appréciation du télétravail, dit Catherine Raymond. Alors que les gens en télétravail disent vouloir reprendre les interactions sociales au bureau, ils se montrent aussi réticents à le faire concrètement. Ils disent appréhender les embouteillages, craindre les interactions sociales directes (la COVID nous a appris à craindre l’autre) et avoir peur d’être moins productifs sur le plan familial. » Mme Raymond ajoute aussi que, bien qu’il puisse paraître pratique de travailler à la maison pour pouvoir, par exemple, faire une brassée de lavage entre deux réunions, le fait de « fragmenter son attention sélective » de la sorte est très exigeant pour le cerveau et que cela peut créer, à long terme, un sentiment de démotivation.

Quant au mode de travail hybride, certains chercheurs spécialisés dans le domaine de la santé psychologique au travail doutent de son efficacité à long terme. « Le travail en mode hybride engendre une quantité importante d’interruptions, ce qui augmente le phénomène d’attention fragmentée. Et on sait que ce dernier est non seulement une variable importante qui influe sur la baisse de productivité, mais aussi sur la baisse de motivation… », termine Mme Raymond. Reste à voir ce que les futures études sur le sujet nous révéleront. (G.C.)

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