Moderniser les transporteurs de mines?

Par MAXIME BILODEAU

25 octobre 2022

Des chercheurs de l’IRSST ont étudié les machines servant à assurer le transport sécuritaire de personnes dans un puits de mine.

Les transporteurs de mine servent à déplacer les travailleurs miniers, parfois par dizaines, entre la surface et les galeries souterraines où ils s’affairent. Selon la CNESST, 35 de ces machines d’extraction étaient en service dans les 14 mines souterraines actives au Québec en 2014. Deux accidents survenus en 2011 et 2013 ont assombri le bilan de ces appareils, considérés par ailleurs comme assez sécuritaires. Il semble que des ratés lors de l’entretien de la machine d’extraction et la défaillance d’un système de commande soient en cause.

« Heureusement, personne n’a été blessé ou tué lors de ces incidents ; on ne parle que de dommages matériels. Cela a toutefois fait réfléchir les membres du sous-comité sur les machines d’extraction de la CNESST à la pertinence de moderniser les systèmes d’arrêt d’urgence des transporteurs de mine au Québec », raconte Laurent Giraud, chercheur en sécurité des machines à l’IRSST. Avec son collègue Bertrand Galy, ce spécialiste a été mandaté pour s’intéresser aux parachutes et autres systèmes du genre utilisés aux quatre coins de la planète.

Rapports d’expertise

Le duo a produit trois rapports distincts, quoique complémentaires. Le premier, à caractère plus historique, consiste en une revue de la littérature générale sur les parachutes et les câbles d’extraction des transporteurs des mines souterraines. « Les dents des parachutes mordent dans le guide en bois de la cage seulement à la suite d’une rupture du câble. De plus, même s’ils sont rares, il est difficile de se prononcer sur la fréquence à laquelle des accidents surviennent au Canada étant donné qu’il n’existe pas de base de données les répertoriant », constate Laurent Giraud à l’issue de cette revue.

Le second rapport s’attarde aux solutions envisageables pour éviter la rupture du câble et l’écrasement consécutif de la cage. Les chercheurs ont creusé le cas spécifique de l’Afrique du Sud, qui a déjà mené beaucoup de travaux sur cette question. « On se rend compte qu’il est difficile d’anticiper la dégradation d’un câble et d’édicter des règles générales en la matière. Enfin, même si un parachute activé sauve des vies, son déclenchement provoque une décélération qui peut être préjudiciable pour les mineurs à bord d’un transporteur de mine, surtout s’ils y sont peu nombreux », résume-t-il.

Le dernier rapport traite des cas de perte de contrôle de la cage pouvant causer son écrasement. Les deux scientifiques de l’IRSST se sont appuyés sur le concept de couches de protection indépendantes pour décrire la fiabilité des systèmes de commande et des systèmes instrumentés de sécurité des transporteurs de mine. « De nos jours, le cerveau des systèmes de commande est en grande partie automatisé, explique Laurent Giraud. L’opérateur joue désormais un rôle de supervision de la machine, afin de rattraper des erreurs potentielles. »

Suites de l’étude

Parallèlement, à la publication des rapports, une fiche technique sur la sécurité des machines d’extraction commandées au moyen de systèmes programmables électroniques a été produite (RF-1049), accompagnée d’une annexe (RA-1049). Des articles scientifiques tirés de portions de ces rapports ont aussi été publiés.

« À la demande des membres du souscomité sur les machines d’extraction de la CNESST, ces trois rapports seront diffusés dans leur intégralité, affirme Laurent Giraud. Les travailleurs et les entreprises qui utilisent des transporteurs dans les mines souterraines au Québec pourront ainsi bénéficier de ses conclusions. Des questions de coûts, mais aussi de disponibilité de certains matériaux, rentreront en ligne de compte pour assurer un suivi des recommandations. Construire des guides de cage en fer plutôt qu’en bois me paraît une option plus viable à long terme considérant le prix de ces matières premières », ajoute-t-il.

Chose certaine, il y a certainement place à l’amélioration. « Ce n’est pas parce que ces technologies sont vieilles qu’elles sont périmées. Il faut toutefois garder leurs limites et imperfections en tête », conclut Laurent Giraud. Les vies de milliers de mineurs sont en jeu.

POUR EN SAVOIR PLUS

Volet 1 : irsst.info/qr-1156
Volet 2 : irsst.info/qr-1157
Volet 3 : irsst.info/qr-1158
Fiche technique : irsst.info/rf-1049
Annexe : irsst.info/ra-1049

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