Mixie, au fil des évolutions

Par CATHERINE COUTURIER

27 septembre 2022

Depuis plus de 20 ans, MiXie aide les hygiénistes du travail à estimer les risques liés à un mélange de substances au moyen de mesures d’exposition dans l’air. En 2020, une collaboration avec l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) français et l’Université de Montréal a permis de bonifier l’utilitaire. L’IRSST a voulu documenter le processus.

Résultat d’une collaboration entre l’Université de Montréal et l’IRSST, l’utilitaire MiXie a vu le jour en 2001 pour contribuer à l’estimation des risques chez les travailleurs exposés à une combinaison de substances chimiques. En effet, en présence dans l’air de deux ou plusieurs substances ayant des effets similaires sur les mêmes organes du corps humain, on considère ces effets comme additifs. Le Règlement sur la santé et la sécurité du travail (RSST) du Québec indique que les intervenants doivent additionner les mesures d’exposition dans l’air des travailleurs pour les substances ayant un effet similaire, à moins qu’il en soit établi autrement. « MiXie aide les intervenants à estimer le risque lié à un mélange de substances et à appliquer des mesures de protection appropriée », explique Philippe Sarazin, chercheur en prévention des risques chimiques et biologiques à l’IRSST.

L’outil a fait l’objet d’une première mise à jour en 2005, puis une entente de partage a été conclue avec l’INRS France en 2014. Les collègues français ont ainsi pu l’adapter à leur contexte, et MiXie France est disponible depuis 2017. Alors que la version québécoise de l’utilitaire (MiXie QC) était mûre pour une mise à jour, « c’était une belle occasion pour que cette tâche soit offerte dans le cadre d’un stage de maîtrise afin qu’un étudiant universitaire puisse y participer », raconte Philippe Sarazin.

Documenter les changements

Maude Pomerleau, entrée à l’IRSST à titre de professionnelle scientifique, y a fait son stage en prévention des risques chimiques pour documenter les modifications que l’équipe de l’INRS France a apportées à MiXie. L’Institut a publié son rapport de stage Mise à jour d’un outil d’aide à la décision pour l’estimation du risque lié à une exposition à un mélange de substances chimiques dans l’air : une nouvelle version de MiXie, pour que les intervenants soient mis au courant de ces changements. « On s’est aperçu qu’on avait beaucoup de questions de la part des intervenants par rapport aux modifications. C’était pertinent de rendre public le travail de Maude afin de rendre transparentes les décisions prises tout au long de la mise à jour de l’outil », note Philippe Sarazin.

« Le but de mon stage était d’analyser quelles modifications avaient été effectuées, quelles seraient les répercussions si on les appliquait ici, et d’évaluer si c’était applicable ou non », résume Maude Pomerleau. Pour documenter ces changements, elle a rencontré les toxicologues de l’INRS France, qui lui ont fourni l’ensemble des données de leur utilitaire, lesquelles ont ensuite été comparées aux données québécoises.

Changements de catégories

MiXie repose sur des classes d’effets : chacune des substances réglementées y est associée à une ou plusieurs classes toxicologiques. L’INRS France a modifié la liste de classes pouvant être associées à une substance donnée, passant de 31 à 24. « Parfois, c’était seulement un changement de nom de classe, mais certains changements ont eu plus d’impact, comme des regroupements, des suppressions de classes, de même que l’ajout de la classe “sensibilisant” », relate Maude Pomerleau. La stagiaire a donc vérifié quelles pourraient être les conséquences de ces modifications si elles étaient adoptées dans l’outil québécois.

L’ajout de la classe « sensibilisant » est le changement ayant le plus d’incidences alors qu’une centaine de substances s’y voient maintenant associées. « La décision a été prise de s’arrimer sur cette stratégie malgré ses impacts, puisque nous étions à l’aise avec cette modification », constate Philippe Sarazin. L’équipe française a également mis à jour l’association de chaque substance avec les classes. « Par exemple, si le toluène était associé avec trois classes d’effets, ils sont retournés dans la littérature pour déterminer si de nouvelles classes devaient être ajoutées ou d’autres retirées », poursuit-il.

Une autre modification importante concerne l’aspect visuel de l’utilitaire. Des fonctions y ont été ajoutées, d’autres clarifiées, et l’outil VEMA (valeur d’exposition moyenne ajustée) y a été intégré. « On a aussi bonifié les messages d’alertes rapportés par l’outil lorsqu’il faut prendre une mesure corrective pour une situation de travail analysée », précise Maude Pomerleau.

Actualisation continue

Plutôt que de procéder à des mises à jour en blocs, l’IRSST espère le faire en continu dans MiXie, pour adapter l’outil aux connaissances en constante évolution. « S’il n’y a pas de mise à jour constante, certaines fonctionnalités de l’outil risquent d’être inexactes lorsque le RSST est modifié ou que de nouvelles connaissances scientifiques surviennent », souligne Philippe Sarazin. « MiXie assiste les hygiénistes dans la prise de décisions quant aux mesures de protection adéquates à prendre. C’est donc important d’y trouver l’information la plus à jour possible », renchérit Maude Pomerleau.

Des changements récents à la réglementation québécoise (l’Annexe I du RSST) ont de plus eu pour conséquence, notamment, d’introduire de nouvelles substances, d’ajouter une valeur d’exposition à des substances existantes et d’abaisser la valeur limite d’exposition de certaines. Des travaux sont en cours pour que MiXie QC reflète ces changements au RSST. « C’est un long travail, qui permettra au final de disposer d’un outil MiXie à jour », conclut Philippe Sarazin.

POUR EN SAVOIR PLUS

Site : irsst.qc.ca/mixie
Rapport : irsst.info/qr-1160

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