Ian Lavoie : revivre après avoir frôlé la mort

Par Lyndie Levesque

27 août 2024

Le 19 février 2016, Ian Lavoie a vu sa vie basculer. Alors qu’il travaillait comme finisseur chez ArcelorMittal, à Longueuil, un fardeau composé de plusieurs barres d’acier de 360 kg s’est effondré sur lui. S’il prenait alors les mesures de santé et de sécurité du travail (SST) à la légère, il raconte aujourd’hui son histoire pour inciter les travailleuses et travailleurs à la plus grande prudence.


Cette journée-là, Ian était à son poste, comme à l’habitude. Son collègue étant absent, Ian ne pouvait pas accomplir ses tâches habituelles. Voulant se rendre utile, Ian a décidé d’aller aider ses collègues, qui travaillent dans un autre service. « J’étais là pour donner un coup de main parce qu’il y avait une surcharge de travail », explique-t-il, alors qu’il n’avait jamais exécuté ce type de tâche. On lui a brièvement expliqué en quoi elle consistait et il s’est mis au travail.

Quand la vie bascule

« On était entre deux piles de fardeaux d’acier. En faisant une manœuvre pour lever un fardeau avec un pont roulant, on a accroché un autre fardeau, et il m’est tombé dessus », se souvient Ian Lavoie. Le fardeau pesait 3180 kg et était composé de plusieurs barres d’acier de 360 kg. « Ma jambe a été sectionnée sur place, j’ai eu trois vertèbres éclatées, des côtes brisées, une hémorragie interne et le bassin brulé au troisième degré, car je suis tombé sur un fardeau qui venait juste de sortir du laminoir, à 600 degrés », raconte-t-il.

« En arrivant à l’hôpital, on m’a dit que j’étais un miraculé », poursuit-il. Ses chances de survie étaient estimées à 50 %. Après six opérations, dont une qui a duré treize heures, Ian a passé un mois dans le coma. Il a retrouvé une certaine lucidité seulement un mois plus tard, le 18 mars 2016. Il se rappelle Valérie, son ex-conjointe, ainsi que son frère, qui étaient présents tous les jours à l’hôpital. « Ils ont carrément mis leurs vies en suspens », avoue-t-il, ému. C’est aussi eux qui ont eu la lourde tâche de lui annoncer qu’il avait vécu un grave accident de travail. « Je ne me rappelais pas du tout l’accident. Eux, tous les jours, ils avaient le stress de savoir qu’ils devaient m’annoncer que j’avais perdu une jambe. Et la coupure n’était pas seulement à la cheville, elle est à la mi-cuisse », précise Ian Lavoie.

Ainsi, il avoue avoir été sous le choc en l’apprenant, mais le simple fait d’avoir survécu était un miracle pour lui. En effet, la pensée qu’il aurait pu ne jamais revoir sa famille le hante. « Quand j’étais sous les barres, je pensais à mes enfants, à ma famille, à mes amis. […] Ma famille a été le roc qui m’a permis de survivre; il n’était pas question que je parte », affirme-t-il.

« Si mon histoire peut convaincre une personne que la santé et la sécurité sont importantes en milieu de travail, j’aurai fait ma job »

– Ian Lavoie

Le stress des retrouvailles

« J’ai été dans le coma pendant un mois, et ça a pris un autre mois avant que je sois capable de voir celle qui est aujourd’hui mon ex-conjointe et mes trois enfants. J’étais encore aux soins intensifs, j’étais intubé de partout et je ne voulais pas qu’ils me voient comme ça », se souvient-il. De plus, Jacob, son fils le plus vieux, a fortement réagi au fait que son père ait été impliqué dans un accident. « J’ai peur de ne plus aimer papa », avait-il confié à sa mère…

Le matin où il a revu toute sa famille, Ian, qui était alors en fauteuil roulant, s’était placé devant la porte de l’ascenseur. « Quand je les ai vus arriver, j’ai remarqué que Jacob restait un peu en arrière. Quand il m’a entendu parler, j’ai dit : « Jacob, c’est papa »… Là, il est venu me voir. À ce moment-là, toutes les craintes se sont envolées. On a passé toute la journée ensemble, raconte-t-il. Il y a certains jours dont on se souvient toute notre vie, et celui-là en était un », dit Ian Lavoie avec émotion.

Réapprendre à vivre

« J’étais heureux de sortir de l’hôpital, mais j’étais très craintif aussi », avoue-t-il. En effet, Ian savait que son quotidien ne serait plus jamais le même; il lui fallait réapprendre à vivre, carrément. « Imagine que tu es en retard. Tu te lèves en cinq minutes, tu prends ton café et tu pars, illustre-t-il. Pour moi, ce n’est plus possible. Je dois me réveiller au moins deux heures avant de commencer ma journée ».

Aujourd’hui, Ian donne des conférences dans les milieux de travail et dans les écoles. Raconter son histoire est important pour lui. « Si ça peut convaincre une personne que la santé et la sécurité du travail sont importantes en milieu de travail, j’aurai fait ma job », explique-t-il. Selon lui, le message est d’autant plus percutant lorsqu’il est donné par un miraculé lui-même.

Parfois, aux yeux des employés, prendre des risques permet d’être plus productif. Dans certains milieux, il n’est pas rare d’entendre des employés se plaindre à propos des consignes. « Ils se disent : « Hey, ils sont fatigants, avec leur santé-sécurité! », dit Ian, en parlant de ces employés. Je l’ai déjà dit, moi aussi. Il a fallu que je sois victime d’un accident de travail et que je frôle la mort pour que je me rende compte que c’est super important et que les gens font bien d’être fatigants avec ça… », conclut-il.

L’utilisation des témoins sur notre site

Pour adapter nos contenus et améliorer votre expérience sur notre site Web, nous utilisons des témoins (cookies) dans le respect de votre vie privée.

En naviguant sur notre site, vous acceptez l’utilisation des témoins décrite dans notre politique de confidentialité.

Gérer les témoins

  • Témoins nécessaires au bon fonctionnement

    Ces témoins sont obligatoires, car ils garantissent le bon fonctionnement du site.

    Toujours actifs
  • Témoins relatifs à la publicité

    Nous n'utilisons pas de témoins pour des actions de marketing personnalisé.

    Toujours désactivés
  • Témoins liés aux données statistiques

    Ces témoins permettent de collecter des données de navigation, comme la durée de la visite ou les pages vues. Les données collectées sont anonymes et ne peuvent pas être associées à une personne.

Confirmer
Prévention au travail