Des laboratoires au service des travailleurs depuis près de 40 ans

Par Laurie Noreau

14 août 2019

Ils sont une quarantaine d’employés à s’affairer dans les laboratoires de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST). Si leur travail reste méconnu, ils jouent néanmoins un rôle crucial pour la santé et la sécurité des travailleurs du Québec. Tour d’horizon de ces lieux où la rigueur et le professionnalisme sont les mots d’ordre.

À première vue, les laboratoires de l’IRSST ressemblent à des locaux scientifiques comme les autres. On y voit des techniciens penchés sur un microscope ou en train de manipuler des échantillons. Ils aident à l’identification et à la quantification des contaminants dans les milieux de travail grâce à leurs analyses méticuleuses.

« Le service de laboratoire existe principalement pour soutenir l’application de la Loi sur la santé et la sécurité du travail », explique Martin Beauparlant, directeur des laboratoires de l’Institut, chimiste et hygiéniste industriel certifié. En effet, le Règlement sur la santé et la sécurité du travail établit une liste de contaminants ainsi que les valeurs d’exposition admissibles à ne pas dépasser, auxquelles les milieux de travail doivent se conformer. Pour s’assurer que l’analyse de ces contaminants soit exécutée selon des méthodes optimales, le mandat a été confié aux laboratoires de l’IRSST. Au moyen d’échantillons qui leur sont fournis, ils soutiennent la mesure de l’exposition des travailleurs.

Des contaminants chimiques, volatils ou semi-volatils jusqu’aux poussières, bactéries et moisissures, plus de 700 substances présentes dans l’air de milieux de travail peuvent être analysées. Les laboratoires possèdent un imposant parc d’instruments à lecture directe et divers systèmes d’échantillonnage de l’air, tels que des pompes et des débitmètres. Le matériel d’échantillonnage utilisé pour capter les substances est disponible sur demande lorsqu’il s’agit d’analyses effectuées dans les laboratoires. Les contaminants physiques ne sont pas en reste, alors qu’une variété d’instruments permettent de mesurer le bruit, les contraintes thermiques, les radiations ou les vibrations. Ces équipements, qui peuvent être loués, sont soumis à un étalonnage régulier afin de garantir la fiabilité des résultats qu’ils procurent. Si le Réseau de santé publique en santé au travail, les inspecteurs de la CNESST et les chercheurs constituent la principale clientèle des laboratoires, les entreprises privées peuvent aussi y avoir recours. « C’est un service encore peu connu. Un employeur qui voudrait bénéficier de la même rigueur scientifique que celle qui est offerte au Réseau de santé publique en santé au travail pourrait ainsi tirer profit de notre expertise », estime Martin Beauparlant.

Pour faciliter le traitement des demandes, une nouvelle plateforme électronique a d’ailleurs été lancée ces dernières années. ClicLab® permet entre autres aux entreprises privées de faire des demandes d’analyse et d’étalonnage ou de prêts d’équipements en ligne. « C’est un outil très convivial. Après avoir rempli la demande en ligne et envoyé les échantillons par courrier, il est possible de suivre la progression de la demande en temps réel. Par la suite, les rapports d’analyse ou les certificats d’étalonnage sont disponibles en ligne dès qu’ils sont prêts », enchaîne le directeur des laboratoires. Notons que les services sont offerts autant en français qu’en anglais.

La compétence avant tout

Le syndrome de la porte tournante n’existe pas aux laboratoires de l’IRSST, où s’active une équipe de première ligne qualifiée. En effet, les compétences scientifiques et techniques des employés du service à la clientèle sont primordiales. « Le service à la clientèle est vraiment la porte d’entrée des laboratoires. Lorsque les gens nous appellent, nous souhaitons que la discussion se conclue en leur ayant fourni toute l’information nécessaire ou qu’ils aient été dirigés vers la bonne personne », mentionne Martin Beauparlant.

C’est d’ailleurs la compétence de son personnel consciencieux qui fait la fierté du directeur. « L’expertise de nos techniciens et scientifiques contribue beaucoup à notre succès, grâce à leur implication et à la qualité des services qu’ils offrent. » Par exemple, les professionnels scientifiques des laboratoires sont hautement spécialisés en hygiène du travail et, pour la plupart, membres d’organismes reconnus dans leur domaine respectif, comme les comités ASTM et ISO ou des ordres professionnels (chimistes, ingénieurs). Les laboratoires sont d’ailleurs accrédités par le programme d’accréditation de l’American Industrial Hygiene Association (AIHA-LAP) et le programme Calibration Laboratory Assessment Service (CLAS) du Conseil national de recherches du Canada (CNRC).

Résolument tournés vers l’avenir

Les méthodes d’analyse et d’étalonnage sont en évolution constante. Avec les appareils toujours plus sensibles et efficaces offerts sur le marché, les laboratoires de l’IRSST se font un point d’honneur de rester à l’affût de toute nouvelle technologie qui pourrait permettre d’améliorer leurs services. « Nous ne faisons aucun sacrifice sur la qualité des services et nous veillons à utiliser les meilleures technologies, assure Martin Beauparlant. Nous sommes des laboratoires de référence. Nous visons l’excellence et nous prenons tous les moyens à notre disposition pour atteindre nos objectifs ». La preuve : l’acquisition récente d’un microscope électronique en transmission ayant une puissance optique pouvant atteindre 1 000 000 X. À titre comparatif, un microscope optique offre typiquement un grossissement de 400 X. « Le microscope électronique en transmission est entre autres utilisé pour l’analyse d’échantillons de tissus pulmonaires afin de dénombrer et d’identifier les fibres d’amiante. Ce sont des fibres qui seraient invisibles au microscope optique parce qu’elles sont trop petites », observe le directeur des laboratoires. Cette nouvelle technologie s’avère particulièrement utile pour les pneumologues du Comité des maladies professionnelles pulmonaires (CMPP), qui font appel aux services des laboratoires, notamment pour détecter la présence d’amiante dans les poumons de leurs patients.

Des méthodes adaptées

Parmi les missions du service de laboratoire, on compte celle de développer de nouvelles méthodes d’analyse. « On ne se contente pas d’implanter une méthode provenant de la littérature. Celles-ci sont optimisées puis validées
avant d’être rendues disponibles à notre clientèle », nuance Marie-Claude Barrette, responsable du programme d’assurance qualité des laboratoires.

Cette approche a permis aux laboratoires d’implanter la technologie de filtres encapsulés de type Solu-Sert™ pour l’analyse des métaux. Celle-ci règle un problème en matière de prélèvements d’échantillons d’air que la communauté scientifique internationale a soulevé. En effet, elle empêche les poussières de se déposer sur les parois de la cassette pour se poser uniquement sur le filtre encapsulé. Cette amélioration permet d’éliminer la possibilité de sous-estimer l’exposition de travailleurs à des métaux toxiques.

Maintenir un tel niveau d’expertise implique que les laboratoires de l’IRSST répondent en continu aux exigences d’organismes d’accréditation, ce qui se traduit, entre autres, par leur participation à des études interlaboratoires et par des audits auxquels ils se prêtent volontiers. « Durant les visites des auditeurs, on remet les clés de nos laboratoires à un tiers parti qui vient jeter un regard critique sur nos activités. Nous le faisons par réel souci de transparence », explique Martin Beauparlant. « Ces accréditations permettent de démontrer à notre clientèle la qualité de nos services. C’est un sceau qui prouve que l’on répond adéquatement aux exigences de normes internationales », ajoute Marie-Claude Barrette.

Réunir pour mieux collaborer

Au Canada, les laboratoires de l’IRSST sont uniques en leur genre. En effet, il s’agit des seuls laboratoires en santé et en sécurité du travail directement liés à un institut de recherche. Dès la création de l‘IRSST, l’idée d’y annexer un service de laboratoire d’analyse et d’étalonnage a germé. Comme l’Institut visait à répondre aux besoins en prévention et en inspection de la CNESST (anciennement la CSST), la création de ce service est rapidement devenue indispensable pour soutenir l’application de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, adoptée en 1979.

Quel était l’intérêt d’intégrer ce service de laboratoire directement dans un institut de recherche? Cela facilitait grandement les échanges entre les responsables des laboratoires et les chercheurs. À l’époque, l’idée a d’ailleurs été accueillie avec enthousiasme.

Cette proximité assure un contact direct entre la CNESST et les laboratoires de l’IRSST. « Il y a une étroite collaboration entre les laboratoires et la Commission, confirme Martin Beauparlant. Cela permet de répondre à l’évolution de la réglementation. S’il y a un changement de normes, nous pouvons nous adapter rapidement aux besoins des employeurs et des travailleurs. »

Pour en savoir plus

Service à la clientèle des laboratoires de l’IRSST : 514 288-1551, poste 315

Service de location d’instruments : 514 288-1551, poste 306

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