COVID-19 : recherche de solutions pour les milieux de travail

Par Catherine Couturier

30 novembre 2021

Au printemps 2020, l’IRSST a lancé un appel de propositions à son réseau de chercheurs. L’objectif? trouver des solutions qui donneront des résultats à court terme ou contribueront à l’avancement de connaissances dans un contexte de pandémie. Au total, 10 propositions de recherche ont été retenues, pour un financement de 795 208 $ de l’institut. Survol de ces 10 études, pour mieux comprendre les objectifs, les résultats et les retombées escomptés.

La recherche : les pratiques préventives dans les entreprises de transformation alimentaire contexte de la pandémie de la COVID-19

Équipe de recherche

  • Jessica Dubé et Daniel côté (IRSST)
  • Sylvie Gravel (Université du Québec à Montréal)

Les enjeux

Le projet, qui devait au départ porter sur la coordination des exigences de santé-sécurité dans les entreprises alimentaires, s’est rapidement réorienté avec la pandémie. « On savait qu’il y avait plusieurs risques liés à la COVID-19 dans les entreprises de transformation alimentaire », relate Jessica Dubé, chercheuse à l’IRSST. Elles évoluent dans un contexte particulier, alors que plusieurs travailleurs ont un statut précaire (travailleurs immigrants, d’agences). L’équipe de recherche a par conséquent voulu documenter les pratiques préventives du milieu dans ce contexte, qui comporte des difficultés à plusieurs égards.

Les objectifs

« En raison des conditions de travail, c’est compliqué et même pas toujours possible de mettre en place les mesures préventives de la santé publique. Nous souhaitions voir comment les entreprises se sont adaptées », résume Jessica Dubé. L’objectif de l’étude était donc de documenter les pratiques préventives, de tirer des leçons et de proposer des pistes de solution permettant de repenser l’implantation de ces mesures dans les entreprises de transformation alimentaire pour mieux protéger les travailleurs en contexte de pandémie.

La méthodologie

À l’aide d’une méthode de théorisation ancrée, qui assure des allers-retours entre le terrain et la mise en théorie, les chercheurs ont sélectionné 15 entreprises de transformation alimentaire de plusieurs domaines (viande, légumes, boulangerie, mets préparés, etc.) et de différentes tailles. Ils ont ensuite documenté le discours des différents acteurs de chacune d’entre elles pour recueillir leurs perceptions à l’aide d’entrevues semi-dirigées d’environ une heure. Un questionnaire a aussi permis de récolter des données organisationnelles (quart de travail, culture de santé-sécurité, etc.) pour mieux comprendre le processus et identifier les risques et les mesures préventives. Les scientifiques souhaitaient collecter les différentes visions, expériences et histoires vécues des entreprises qui se sont toutes adaptées (parfois indépendamment, parfois sur les directives d’un siège social) selon leurs ressources humaines, matérielles et financières.

Les résultats

Si la recension des écrits est terminée, les entrevues étaient toujours en cours au moment d’écrire ces lignes. Malgré tout, les chercheurs ont constaté que ces milieux ont adopté plusieurs nouvelles pratiques, surtout sur le plan de l’organisation du travail (absence préventive, gestion de personnel). Des mesures concrètes y ont été implantées assez tôt dans la crise, comme le port du masque obligatoire, la distanciation physique, la réorganisation des espaces communs, l’organisation des entrées et sorties ainsi que le décalage des horaires de travail.

Les retombées

Alors que nous restons vulnérables à une prochaine pandémie, la chercheuse et ses collaborateurs espèrent produire des principes directeurs pour guider les entreprises. « Il y a eu beaucoup d’études sur l’ergonomie dans ces entreprises, mais peu pour les autres enjeux de SST. Notre étude rend visibles les enjeux de gestion de santé et de sécurité au travail », remarque la chercheuse. L’établissement de partenariats avec les acteurs du milieu et des formations sont également dans la mire. L’étude aura finalement été l’occasion de mettre en lumière l’importance de ces industries qui nous nourrissent, et les nombreux défis auxquels elles font face. « C’est déjà un grand pas », conclut Jessica Dubé.

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La recherche : analyse de la culture de sécurité et des risques biologiques pour les infirmières durant la pandémie
de la COVID-19

Équipe de recherche

  • Laurence Bernard (Université de Montréal)
  • Alain Biron (Université McGill)
  • Mélanie Lavoie Tremblay (Université McGill)
  • Lucie richard (Université de Montréal)
  • Agnès Bernard (ETNIC – fédération Wallonie-Bruxelles)
  • Dave Holmes (Université d’Ottawa)

Les enjeux

La pandémie a frappé de plein fouet le système de santé, déjà sous pression. « Notre équipe a proposé ce projet parce qu’il y avait un besoin dans les milieux cliniques sur le plan de la protection et de la santé et sécurité au travail », explique Laurence Bernard, professeure à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal. La culture de la sécurité variant d’un établissement à l’autre, la prévention des infections, surtout devant la pénurie d’équipements lors de la première vague, préoccupait autant les infirmières que les autres professionnels de la santé.

Les objectifs

L’étude visait à décrire la culture de sécurité d’un établissement de santé et la comparer avec celle qu’on a pu observer durant la pandémie de grippe H1N1. « On cherchait à savoir si et comment les cultures de sécurité avaient évolué depuis 2009 », raconte Laurence Bernard. L’équipe de chercheurs avait également comme objectif d’identifier les risques biologiques auxquels le personnel était exposé, puis de proposer des recommandations et des solutions pour optimiser la culture de sécurité.

La méthodologie

Les observations étant difficiles en contexte de pandémie à cause des risques de transmission de la COVID-19, la collecte de données a pris la forme d’une trentaine d’entrevues avec des professionnels de la santé : infirmières, intervenants en santé et sécurité au travail, inhalothérapeutes, physiothérapeutes, etc.

Les résultats

Même si l’analyse des entrevues n’est pas terminée, des activités de transfert de connaissances ont déjà eu lieu pour partager les résultats préliminaires de l’étude. Si les inquiétudes durant la première vague de la pandémie tenaient beaucoup au manque d’équipements, le vécu traumatique, le deuil et la souffrance restent omniprésents dans le discours des participants. L’important stress physique et émotionnel, la peur de contaminer ses proches ou soi-même, les préoccupations liées à la réutilisation des masques ou des équipements de protection ont marqué les soignants. « On anticipait les défis par rapport au port de l’équipement individuel et de sa disponibilité, mais on ne s’attendait pas à l’ampleur des symptômes posttraumatiques ni au deuil porté par les soignants du système de santé », constate Laurence Bernard.

Pour affronter la crise actuelle, les pratiques se sont réorganisées, renforçant par le fait même le travail collaboratif, un des aspects positifs qui ressort des entrevues. Cette réorganisation a cependant été parfois mal communiquée et expliquée. « On doit communiquer davantage les risques et ne pas miser uniquement sur la résilience personnelle des infirmières, mais aussi, sur la résilience collective », constate la chercheuse.

Les retombées

L’équipe, qui souhaite formuler un certain nombre de recommandations aux décideurs, a rapidement transmis ses résultats au moyen d’activités de mobilisation des connaissances dans les milieux cliniques, en plus de la communauté scientifique. L’étude, espèrent les chercheurs, contribuera à l’amélioration continue de la qualité des soins tout comme des pratiques de santé et sécurité du travail.

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La recherche : préparation et évaluation de l’activité biologique des agents antimicrobiens à base des oxydes de cuivre et d’argent utilisés en équipement de protection contre la COVID-19

Équipe de recherche

    • Phuong Nguyen-tri (Université du Québec à Trois-rivières)
    • Alireza Saidi (IRSST)

Simon Barnabé (Université du Québec à Trois-rivières)

Les enjeux

L’arrivée de la COVID-19 a poussé les scientifiques à élaborer plusieurs stratégies pour ralentir le virus, dont la mise au point de matériaux avancés, notamment des textiles antiviraux pour les professionnels de la santé, particulièrement à risque de contamination. Sous la direction du professeur Phuong Nguyen-Tri de l’Université du Québec à Trois-Rivières, une équipe de chimistes, de polyméristes, de biologistes et d’ingénieurs de textiles innovants s’est attelée à évaluer l’efficacité d’un traitement antimicrobien à base de nanotechnologies (développées par l’entreprise québécoise nanobrand. ca) sur les équipements de protection individuelle en coton et aussi en coton/polyester.

Les objectifs

L’étude visait à créer rapidement des agents antibactériens et antiviraux à base d’oxydes de cuivre et de nanoparticules d’argent (seules ou combinée avec l’oxyde de zinc). L’équipe voulait également éclairer les paramètres qui influent sur l’activité biologique de ces agents et évaluer leur efficacité.

La méthodologie

Pour démarrer le travail, les scientifiques ont d’abord identifié les matériaux et les méthodes existants, pour ensuite fabriquer des matériaux synthétisés et s’assurer d’optimiser le dépôt de ces substances sur ces textiles. « Après, nous avons mené des tests sur certains types de microbes et de virus dans le laboratoire. Nous voulons éclaircir le mécanisme d’interaction entre le matériau et les types de virus », explique Phuong Nguyen-Tri, titulaire de la Chaire de recherche UQTR sur les matériaux avancés pour la santé. L’équipe a produit une vingtaine d’échantillons de types de nanotechnologies, avant de les comparer pour déterminer lequel était le plus efficace. Le Groupe CTT, situé à Saint-Hyacinthe, fabriquera éventuellement des prototypes à échelle semi-industrielle.

Les résultats

Les résultats préliminaires sont encourageants, confie le professeur Nguyen-Tri : « Plusieurs vêtements traités ont été capables d’éliminer 98 % des virus après une quinzaine de minutes de contact. » Ces résultats impressionnants, qui tranchent avec la littérature sur le sujet, laissent entrevoir la possibilité d’immerger masques et blouses pour prolonger leur durée de vie au lieu de les jeter après chaque utilisation. Les tests de lavage seront aussi révélés, en espérant que le traitement résiste de 20 à 30 lessives et persiste de 2 à 3 mois d’usage normal.

Les retombées

En plus de protéger les travailleurs de la santé, une telle solution s’avère intéressante du point de vue environnemental, alors que les milliers d’équipements de protection individuelle en plastique à usage unique sont jetés, s’accumulant dans la nature, notamment dans les océans. Le chercheur principal croit de plus que ce type de technologie pourrait s’étendre à d’autres applications pratiques, même si le mécanisme précis de désactivation du virus reste à étudier.

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La recherche : retour au travail sécuritaire et performant à la suite de la crise sanitaire liée à la COVID-19 : guide d’opérationnalisation pour les établissements du secteur de l’administration publique

Équipe de recherche

  • Bénédicte Calvet, Maud Gonella et Isabelle Berger (IRSST)
  • Martin Chadoin, Élise Ledoux et Denys Denis (Université du Québec à Montréal)

Les enjeux

La période de télétravail, qui durerait, pensait-on, quelques mois, s’est étirée, transformant ainsi une étude qui suivait un projet de réaménagement et d’organisation du travail en une étude sur les conséquences de la pandémie dans les milieux professionnels. « La gestion de crise a été plus longue qu’on pensait; on s’est donc centré sur celleci », raconte Martin Chadoin, cochercheur et professeur au Département d’organisation et ressources humaines de l’UQAM.

Les objectifs

La recherche devait au départ accompagner le retour au travail sécuritaire et imaginer le bureau de demain d’une entreprise de l’administration publique. Devant les données récoltées, les chercheurs se sont aussi donné comme objectif d’étudier la façon dont la crise a été gérée. L’équipe scientifique, sous la direction de la chercheuse Bénédicte Calvet de l’IRSST, souhaite finalement accompagner le milieu en proposant une démarche d’élaboration des modalités de retour au bureau, et décrire les difficultés rencontrées de même que les stratégies mises en place pour se conformer adéquatement aux directives de la santé publique.

La méthodologie

Les observations sur le terrain n’ont pu être faites compte tenu des conditions sanitaires, mais 24 entrevues des membres de l’équipe en aménagement et en amélioration des espaces de travail d’un établissement québécois de très grande taille ont été menées d’avril à octobre 2020. Dans chacune d’elles, les chargés de projets, architectes, ergonomes, etc., ont imaginé leur retour au travail, partagé leurs craintes et fait connaître leurs besoins. Les entrevues ont été codées par thèmes et un guide d’opérationnalisation des façons de réfléchir au travail et de s’organiser lors d’une crise a été publié.

Les résultats

« On voit que la gestion de la crise est compliquée dans les grandes organisations, constate Martin Chadoin. Alors que les hautes sphères de gestion relèvent du politique, dans les équipes, on ne peut pas attendre, on doit faire le travail et servir les bénéficiaires. » Les travailleurs doivent alors bricoler des solutions pour continuer à être productifs, parfois en adaptant l’organisation du travail. Alors que la direction souhaite une certaine homogénéité, les équipes répondent très différemment aux enjeux que pose la crise sanitaire. « Malheureusement, il existe peu de mécanismes et de directives qui permettent à la direction de s’inspirer des initiatives prises dans les équipes », remarque le chercheur, ce qui peut mener à l’apparition de tensions et de difficultés.

Les retombées

Malgré les plans de contingence instaurés après la grippe H1N1 en 2009, il s’avère nécessaire de construire un modèle de gestion permettant d’affronter la prochaine crise. « On va recommander de monter des comités locaux de gestion de crise dans lesquels les différentes disciplines et logiques de l’entreprise sont représentées, pour construire un discours commun et éviter que chacun travaille en silo dans l’urgence », souligne Martin Chadoin. Même s’ils ne peuvent être transposés littéralement dans d’autres organisations, les résultats de cette étude permettent tout de même d’informer et d’éclairer la réflexion sur l’avenir du travail de bureau, qui devra être flexible tout en donnant aux gens les moyens de bien accomplir leurs tâches.

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La recherche : analyse du travail des premiers répondants en gestion de crise pandémique : maximiser la performance et la résilience

Équipe de recherche

  • Sébastien Tremblay (Université Laval)
  • Marie-eve Drouin (centre de recherche et d’innovation en sécurité civile du Québec (CCTT), campus Notre-dame de Foy)

Les enjeux

Chez les premiers répondants, la prise de décision se fait rapidement, dans un contexte de pression temporelle et de stress. « La COVID-19, avec ses contraintes et les risques additionnels, rend encore plus difficile la situation de prise de décision », explique Sébastien Tremblay, professeur de psychologie à l’Université Laval. « Est-ce que les gens ont la formation adéquate pour cela? », ajoute sa cochercheuse Marie-Eve Drouin, directrice du Centre de recherche et d’innovation en sécurité civile du Québec (RISC).

Les objectifs

L’équipe visait donc à créer un maillage entre ce que la recherche dit et la réalité des milieux de travail. C’est pourquoi cette étude s’est attardée à atteindre cinq objectifs :

  1. Modéliser le travail des premiers répondants en contexte de pandémie (paramédicaux, policiers, agents correctionnels);
  2. Évaluer la conscience de la situation et les moyens de l’augmenter;
  3. Identifier les risques et les bonnes pratiques;
  4. Évaluer l’efficacité des outils de formation en place et leur pérennité;
  5. Développer des outils et des formations pour partager les meilleures pratiques.

La méthodologie

Les chercheurs ont d’abord modélisé les points de prise de décision des paramédicaux, des policiers et des agents correctionnels, « un peu comme un arbre décisionnel », décrit Marie-Eve Drouin. En contexte de COVID-19, chaque hésitation supplémentaire face à des questions de santé et de sécurité, chaque seconde gaspillée peut avoir un effet très concret. Les résultats des modélisations ont été enrichis et validés à l’aide de questionnaires et d’observations Les questionnaires distribués à différents corps de métier ont exploré la charge mentale, la conscience de la situation, le niveau d’engagement et le niveau de stress. « La méthodologie hybride nous permet de récolter plusieurs perspectives », observe Sébastien Tremblay.

Les résultats

Les résultats préliminaires de la recherche documentaire et qualitative montrent une grande variabilité des instructions données aux divers intervenants. « L’arrivée soudaine de la pandémie a forcé les différents responsables des organisations à entrer rapidement en mode solutions, ce qui a amené de la confusion chez les premiers répondants », note Sébastien Tremblay. Les participants ont mentionné avoir vécu plusieurs changements de consignes au fil du temps, en plus de disposer de peu d’outils pour se les approprier rapidement. Le degré de complexité des outils et leur moyen de diffusion ont notamment eu une influence sur l’adaptation des premiers répondants.

Les retombées

Les chercheurs espèrent identifier les effets de la pandémie sur le plan des consignes et ceux des contraintes sur la prise de décision des intervenants. « Nous voulons trouver des moyens de les rendre plus résilients, en analysant les formations et en les améliorant », soutient Sébastien Tremblay. Les résultats aideront à savoir comment réagir efficacement si jamais une autre situation de crise sanitaire se présente et à réduire ses conséquences pour les premiers répondants. « Leur charge cognitive est déjà très importante, souligne Marie-Eve Drouin. Nous aimerions aider à diminuer la charge supplémentaire de travail, limiter le stress et maximiser la prise de décision dans une situation similaire. »

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La recherche : évaluation de l’effet d’un système RFID de gestion des uniformes médicaux sur la performance des opérations et sur la santé et sécurité des travailleurs à l’ère de la COVID-19

Équipe de recherche

  • Ygal Bendavid et Yasmina Maïzi (Université du Québec à Montréal)

Les enjeux

On oublie souvent la logistique hospitalière derrière les soins, mais la crise sanitaire l’a exposée. Par exemple, la gestion des uniformes médicaux, déjà difficile en milieu hospitalier, s’est compliquée avec la pandémie, alors que la demande a explosé. Et si la buanderie est souvent la dernière des préoccupations, elle s’avère fondamentale.

« Le problème d’utilisation non appropriée des uniformes est devenu un enjeu de contamination », constate Ygal Bendavid, directeur du Laboratoire Internet des Objets (IdO) et professeur au Département d’analytique, opérations et technologies de l’information de l’UQAM. Le professeur, qui travaille sur l’Internet des objets, a donc mis à contribution son expertise pour trouver une solution technique. « On fait de la recherche appliquée, en partant d’un problème sur le terrain », explique-t-il.

Les objectifs

Le chercheur et sa collègue, la professeure Yasmina Maïzi, membre associée du laboratoire Internet des objets, ont donc élargi leur recherche sur la gestion logistique des uniformes pour l’adapter en temps de pandémie de COVID-19. L’objectif principal a ainsi permis d’évaluer l’effet d’un système de gestion automatisée du réapprovisionnement des uniformes sur la réduction de la contamination croisée. Les chercheurs ont utilisé la simulation pour étudier les répercussions d’un déploiement d’armoires intelligentes (jumelées à des tags RFID sur les uniformes, soit l’identification par radiofréquence) et ce, sur tous les étages d’un hôpital.

La méthodologie

La recherche s’est amorcée avec une recension des méthodes et des options existantes (dans le milieu hospitalier et dans d’autres contextes, dont l’hôtellerie). Distributrice d’uniformes jetables, armoires équipées de casiers et d’une chute, salle connectée, le marché offre de nombreuses possibilités. Après avoir créé un prototype, la professeure Maïzi a effectué des simulations pour déterminer la performance logistique et le pourcentage de contamination lié à son utilisation, puis pour valider la solution retenue.

Les résultats

Après avoir comparé les armoires intelligentes aux distributrices, la solution retenue a été implantée en projet pilote. Ainsi, des armoires intelligentes ont été installées dans la salle d’opération du partenaire de la recherche avant même la pandémie de la COVID-19, pour être ensuite déplacées ailleurs une fois la crise survenue. D’autres hôpitaux se sont montrés intéressés à ces solutions. En plus des données obtenues sur le terrain, l’équipe de chercheurs en recueillera d’autres sur la logistique de déploiement de ces systèmes.

Les retombées

« C’était un petit projet de recherche, mais qui, avec la pandémie de la COVID-19, a eu beaucoup de visibilité et permis de réveiller le milieu hospitaliser sur les dessous de l’hôpital », constate Ygal Bendavid. Les départements de soutien aux activités médicales se battent souvent pour des budgets, mais la crise a permis de constater qu’ils jouent un rôle essentiel au bon fonctionnement des soins de santé.

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La recherche : congé-maladie et distanciation physique à l’ère de l’emploi précaire : comprendre les conditions de travail et les choix pour prévenir la transmission de la COVID-19

Équipe de recherche

  • Daniel Côté (IRSST)
  • Ellen Maceachen (Université de Waterloo)
  • Marie Laberge (centre hospitalier universitaire Sainte-justine)
  • Shannon Majowicz (Université de Waterloo)
  • Samantha Meyer (Université de Waterloo)
  • Jessica Dubé (IRSST)

Les enjeux

En plus de devoir continuer à travailler en présence durant la crise, les employés des services publics essentiels ont trouvé difficile d’appliquer les mesures de distanciation physique. Or, plusieurs d’entre eux occupent un emploi précaire : « Ces travailleurs sont à haut risque, et souvent n’ont droit à aucun congé de maladie payé », explique la professeure Ellen MacEachen de l’École de santé publique et des systèmes de santé de l’Université de Waterloo. Selon l’équipe de recherche, certains travailleurs précaires se rendent au travail malgré la présence de symptômes. Ellen MacEachen et Daniel Côté, chercheur en réadaptation au travail à l’IRSST, ont voulu documenter cet enjeu de société.

Les objectifs

L’objectif principal de cette recherche était donc d’explorer comment les employés précaires comprennent la situation, font des choix et naviguent à travers les recommandations de la santé publique pour mitiger la contagion de la COVID-19, alors qu’on sait que leurs conditions précaires et financières sont reconnues pour ne pas les inciter à prendre congé lorsqu’ils sont malades. Les chercheurs désiraient comparer la situation au Québec et également en Ontario.

« On aimerait élargir la réflexion et tirer des leçons pour les politiques publiques, pour la planification des interventions à long terme et l’organisation de nos structures de soins de santé », affirme Daniel Côté. La recherche visait à dégager des modèles situationnels types, souligner les bons coups et documenter la situation.

La méthodologie

Les chercheurs ont recruté 72 personnes appartenant à trois groupes distincts : travailleurs précaires, gestionnaires et intervenants (représentants syndicaux, représentants de la santé publique, de la CNESST ou des milieux communautaires). Les schémas d’entrevues abordaient différents thèmes, comme les précautions mises en place, les freins, les mesures qu’auraient dû prendre les entreprises et le gouvernement. « Ça permet de comprendre les dynamiques de travail », explique Daniel Côté.

Les résultats

Les chercheurs poursuivent l’analyse de leurs entrevues et ne peuvent pour l’instant se prononcer sur des résultats. Toutefois, une recension des écrits leur a permis de documenter que les travailleurs disaient vivre du stress et de l’anxiété, de la dépression et aussi de la solitude, « ce qui nous a été rapporté très tôt dans l’étude », remarque Daniel Côté.

Le problème des sous-effectifs dans le secteur de la santé au Québec demeure récurrent. Une forte pression s’est exercée sur les employés déjà surchargés. Le recours à des travailleurs étrangers s’accompagne par ailleurs d’enjeux de logement, de salubrité et de barrière linguistique.

Les retombées

Ultimement, les chercheurs aimeraient susciter une réflexion en vue de réformer le système. « Il n’y a jamais eu autant de personnes qui travaillent au salaire minimum. Idéalement, nous aimerions avoir comme impact qu’on leur accorde des congés de maladie payés », souhaite Ellen MacEachen. « La crise sanitaire a provoqué une déstabilisation sociale importante », conclut Daniel Côté.

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La recherche : un banc de test à haute sensibilité pour mesurer la diffusion de virus à travers les matériaux constituant les équipements de protection individuels (gants)

Équipe de recherche

  • Marc-andré Fortin et Caroline Gilbert(Université Laval)

Les enjeux

« En mars 2020, on ne savait pas encore si le contact avec les surfaces était un mode de contamination de la COVID-19 », rappelle Marc-André Fortin, professeur à la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval. Les gants portés par le personnel de santé s’avèrent très efficaces, mais seulement si des instructions précises sont respectées. Or, avec la crise de la COVID-19, tout le personnel des hôpitaux, y compris celui du nettoyage, s’est mis à se laver les mains aux cinq minutes avec du gel à base d’alcool. Cela pouvait-il accroître les risques de contamination ?

Les objectifs

En partenariat avec le CHU de Québec, Marc-André Fortin et Caroline Gilbert, spécialiste en virologie et en infectiologie et professeure à la Faculté de médecine de l’Université Laval, voulaient déterminer si l’utilisation de gel désinfectant sur les gants nuisait à leur efficacité. Marc-André Fortin avait auparavant obtenu une subvention de l’IRSST pour produire une cellule de diffusion, un appareil composé de deux réservoirs de liquide permettant de tester les propriétés cinétiques de molécules. L’objectif était donc de l’adapter aux virus et de mettre au point une procédure de radiomarquage adaptée.

La méthodologie

Les chercheurs ont modifié leur banc d’essai pour pouvoir mesurer le temps de passage du virus à travers les membranes des gants. Après avoir purifié le virus, on le marque d’un radioisotope pour ensuite observer le temps qu’il met à traverser divers matériaux comme le latex, le vinyle ou le nitrile.

Les résultats

L’équipe a pour l’instant réussi à adapter la procédure de radiomarquage des nanoparticules au virus SARS-CoV-2, de même que l’appareil pour l’observer. Les chercheurs ont utilisé une technique faisant appel à l’imagerie nucléaire, laquelle permet un échantillonnage en temps réel. Des tests de plusieurs types de membranes étaient en cours au moment de mettre cet article sous presse.

Les retombées

Au terme de la recherche, un rapport incluant des recommandations sur le type de gant approprié au traitement des patients atteints de la COVID-19 sera produit, incluant une marche à suivre en cas de contact des gants avec des liquides désinfectants (temps d’usage sécuritaire, procédure de port et de changement de gants).

Cette nouvelle technologie (radiomarquage et cellule de diffusion) aidera à terme à mieux comprendre les virus et les maladies infectieuses, et même le mode d’administration des vaccins. « Il existe peu de techniques réellement efficaces pour suivre la distribution des virus dans le corps humain dans les premières minutes et heures suivant leur captation. La technique de radiomarquage et d’imagerie des virus développée pendant ce projet de recherche pourra s’appliquer à différents secteurs de la recherche sur les virus et les vaccins. »

La recherche : étude sur les déterminants de la santé et du mieux-être au travail en temps de crise : le cas des équipes de projet contraintes au télétravail durant la crise de la COVID-19

Équipe de recherche

  • Marie-pierre Leroux et Caroline Coulombe (Université du Québec à Montréal)
  • Sonia Lupien (Université de Montréal)
  • Marie-claire Richer (Université Mcgill)

Les enjeux

Avec la mise sur pause des nombreux milieux de travail, plusieurs se sont retrouvés contraints de télétravailler. Marie-Pierre Leroux, qui s’intéresse au contexte de l’aide humanitaire internationale, a eu une pensée pour ces travailleurs coincés à la maison. « Les coopérants ont mis leur vie sur pause, il y a eu beaucoup d’insécurité. Comment vont-ils faire pour livrer la marchandise dans un contexte où certains ont des enfants à la maison? », s’est demandé la professeure au Département de management de l’UQAM. Elle s’est donc tournée vers des travailleurs formés en gestion de projets pour examiner comment ils se sont adaptés au télétravail.

Les objectifs

L’objectif principal de la recherche était de mieux comprendre les effets sur la santé et le mieux-être professionnel de la transition brutale vers un mode d’organisation virtuel des équipes de projets. La chercheuse et ses collaborateurs cherchaient à explorer les réalités de ces travailleurs, leurs stratégies d’adaptation et les conséquences de cette transition rapide. Dans un deuxième temps, la recherche s’est penchée sur le soutien que les gestionnaires leur offraient.

La méthodologie

Les chercheurs ont mené 45 entrevues de personnes travaillant pour organismes majeurs afin de cerner les déterminants de la santé et du mieux-être des équipes de projets. « On faisait le tour : leur quotidien, leur routine depuis le mois de mars, et l’évolution de la situation. Je m’intéressais aussi aux éléments stresseurs et aux manifestations de douleurs de différentes sources », explique Marie-Pierre Leroux. Un questionnaire en ligne a été également envoyé dans les réseaux de gestion de projets du Québec.

Les résultats

L’analyse des entrevues suit son cours, mais les résultats préliminaires montrent que ceux qui étaient déjà équipés et disposaient d’un espace de travail attitré à la maison vivaient beaucoup moins de stress et d’irritabilité que d’autres. « C’est un détail, mais quand on met ça dans le portrait, ça fait partie des conditions gagnantes », constate Marie-Pierre Leroux. À sa surprise, les gens interrogés s’étaient bien adaptés au télétravail et ne voulaient pas revenir en arrière, ou du moins espéraient pouvoir alterner entre télétravail et présence au bureau.

Certains gestionnaires de projets ne disposaient toutefois pas de la latitude requise pour bien accompagner leur équipe à cause d’un manque d’adaptabilité ou de résistance de la part des employeurs. « Dans mon échantillon, les personnes qui ont le plus écopé sont les gestionnaires de haut niveau, qui ont eu une surcharge de travail et un stress important pour s’assurer que leur équipe ne manquait de rien », nuance Marie-Pierre Leroux.

Les retombées

Pour être efficaces, ces mesures concrètes doivent être adaptées au contexte des individus. Marie-Pierre Leroux aimerait faire des recommandations aux employeurs pour qu’ils soient davantage sensibilisés aux bonnes pratiques d’accompagnement des équipes de projets dans ce nouvel environnement de travail à distance, qui semble vouloir perdurer après la crise sanitaire.

La recherche : N95 – Test de décontamination et réutilisations répétées avec validation des capacités filtrantes et test d’ajustement sur des volontaires dans un contexte de traçabilité des masques

Équipe de recherche

  • Caroline Duchaine et Nathalie Turgeon (centre de recherche institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec-Université Laval)
  • Ali Bahloul (IRSST)

Les enjeux

« Le projet de recherche a commencé dans l’urgence », raconte Nathalie Turgeon, chargée de projet au Laboratoire de recherche sur les bioaérosols du Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de l’Université Laval (CRIUCPQ). Les masques N95 étaient rares à l’époque, et l’équipe du CRIUCPQ a collaboré avec la compagnie Stryker pour voir si sa technologie permettrait de les décontaminer et de les réutiliser.

Les objectifs

Cette recherche visait à mesurer l’effet d’un traitement de décontamination au peroxyde d’hydrogène et d’ozone au moyen d’appareils Sterizone VP4 (Stryker). Les chercheurs ont mené des tests pour déterminer si la stérilisation pénétrait dans toutes les couches des masques, et ils ont mesuré l’efficacité de chaque cycle de stérilisation. L’étude visait également à valider l’implantation d’un système de recyclage dans un contexte clinique.

La méthodologie

Au moment où Nathalie Turgeon et ses collègues ont effectué la revue de littérature, aucune ligne directrice n’avait encore été publiée à ce sujet. En plus d’analyser l’utilisation du peroxyde d’hydrogène, qui semble prometteur, l’étude a poussé les tests d’ajustement en faisant porter les masques à des volontaires pour mesurer si ces appareils étaient déformés ou provoquaient de l’inconfort. Des tests de filtration, de stérilisation et de résidus étaient prévus, et en dernière étape, une implantation à grande échelle à l’IUCPQ.

Les résultats

La technologie étudiée permet bien de réutiliser les masques plusieurs fois et les volontaires n’ont rapporté que quelques inconforts. Si les tests techniques se sont révélés prometteurs, l’implantation dans le monde réel soulève de vrais défis. « La mise en place d’un protocole fonctionnel posait des risques pour toutes les activités de l’hôpital, à cause de la configuration des lieux », raconte Nathalie Turgeon. La gestion logistique des masques, voulant que chacun soit retourné à la même personne alors que le système d’approvisionnement de l’hôpital les gère et les classe par grandeur et modèle, reste compliquée. « On a traité et entreposé les masques, mais on n’a finalement pas eu à s’en servir », observe la chercheuse. Les masques retraités sont disponibles si nécessaire, mais l’hôpital a adopté une solution de rechange de masques lavables dotés d’une cartouche.

Les retombées

La recherche a finalement pivoté pour évaluer un autre appareil, qu’on installe dans une pièce. Les modèles Bioquel BQ50, qui décontaminent à l’aide de vapeur de peroxyde d’hydrogène, réduisent la charge virale d’une pièce et peuvent décontaminer les masques.

La pandémie a par ailleurs mis de l’avant la recherche sur la transmission des virus dans l’air et par aérosol. « Un virus se transmet de plusieurs façons, mais c’est très difficile à prouver. Ça fait 10 ans qu’on travaille sur cela, c’est difficile en 6 mois de tout savoir sur la COVID-19 », remarque la chercheuse.

Pour en savoir plus

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