Quand les conseillères et conseillers en santé psychologique visitent les milieux de travail

Par Karolane Landry

28 mai 2024

Photo : Matej Kastelic/Shutterstock.com

La prise en charge des risques psychosociaux dans les milieux de travail fait partie des priorités de la CNESST. C’est pourquoi l’organisation a mis sur pied un nouveau programme, qui déploie 18 conseillères et conseillers en santé psychologique au travail partout dans la province. Leur rôle? Sensibiliser et informer les parties prenantes d’une organisation sur le rôle qu’elles ont à jouer quant à la prise en charge des risques psychosociaux liés au travail (RPS). Pour en savoir plus sur cette initiative, nous nous sommes entretenus avec Claudie Archambault-Therrien, conseillère experte en prévention-inspection – santé psychologique à la CNESST.

En 2021, avec l’adoption de la Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail (LMRSST), l’obligation de prendre en charge tant la santé physique que la santé psychique des travailleuses et travailleurs est devenue explicite et a changé les priorités au sein de plusieurs entreprises. De plus, la LMRSST oblige l’employeur à prendre les mesures nécessaires pour assurer la protection des personnes exposées, sur les lieux de travail, à une situation de violence physique ou psychologique, dont la violence conjugale, familiale ou à caractère sexuel. « Ce sont des éléments qui viennent appuyer notre nouveau projet en santé psychologique au travail sur le terrain », explique d’emblée Claudie Archambault-Therrien.

Parallèlement à l’adoption de la LMRSST, en 2021, la CNESST a soumis un projet dans le cadre du plan d’action interministériel en santé mentale. « La santé psychologique peut sembler un sujet ardu, et les milieux de travail ne savent souvent pas quelles mesures concrètes mettre en place pour prévenir les risques qui y sont rattachés, explique Mme Archambault-Therrien. On veut donc ramener les risques psychosociaux liés au travail à quelque chose de concret, comme c’est le cas pour tous les autres risques. »

La méconnaissance des risques psychosociaux liés au travail

Présents dans tous les milieux de travail, les RPS peuvent avoir une incidence sur la santé physique et psychique des travailleuses et travailleurs. Un des risques psychosociaux prédominants est le harcèlement au travail, qui se traduit par une conduite vexatoire (paroles, gestes ou comportements). Pour être considérés comme du harcèlement, les gestes doivent être répétés, hostiles ou non désirés, porter atteinte à la dignité ou à l’intégrité de la personne touchée et rendre le milieu de travail néfaste pour celle-ci. Un autre risque est la violence en milieu de travail, dont la violence conjugale, familiale ou à caractère sexuel. Elle concerne le personnel qui doit, par exemple, interagir avec une clientèle agressive ou faire face à des situations de violence. Le dernier risque psychosocial prioritaire pour la CNESST est l’exposition à un événement potentiellement traumatique, comme une personne qui subit une blessure grave ou de la violence sexuelle ou une personne qui est témoin d’un décès.

En plus des risques psychosociaux liés au travail énumérés précédemment, plusieurs autres facteurs de risque sont présents dans les milieux de travail, comme la charge de travail, l’autonomie décisionnelle, la reconnaissance au travail, la justice organisationnelle et le soutien au travail. Tous ces facteurs peuvent influer sur la santé psychologique. Il est donc primordial que les milieux soient bien informés à ce sujet.

Un soutien pour les milieux de travail

Les 18 conseillères et conseillers en santé psychologique au travail de la CNESST offrent leurs services aux quatre coins du Québec. Ces personnes se déplacent dans les organisations pour sensibiliser et informer les travailleuses, les travailleurs et les employeurs sur les risques psychosociaux liés au travail au moyen d’ateliers, d’activités et de présentations. « Il faut savoir que les rencontres sont toujours paritaires, c’est-à-dire que des représentants de la partie employeur et de la partie travailleurs doivent y participer », précise Mme Archambault-Therrien.

Les conseillères et conseillers ont suivi une formation complète en ce qui a trait aux risques, aux facteurs de risque et à la gestion de la santé et de la sécurité au travail. « Ils savent comment les lois s’appliquent, connaissent la démarche de prévention et les outils à privilégier pour celle-ci, etc. », ajoute la conseillère experte.

Des ateliers personnalisés

Lors des activités en milieu de travail, les conseillères et conseillers en santé psychologique animent des ateliers afin de permettre à l’organisation de mieux comprendre les droits et les obligations des employeurs, des travailleuses et des travailleurs en matière de santé psychologique, d’obtenir de l’information sur la prise en charge des risques psychosociaux liés au travail (les identifier, les corriger et les contrôler), de sensibiliser les membres du milieu de travail à l’importance de la prise en charge de ces risques et de leur faire part des ressources et des outils offerts pour les soutenir dans cette démarche. « Ainsi, il y a parfois des milieux de travail qui font partie de mutuelles ou d’associations sectorielles paritaires sans même connaître les services qu’elles offrent et, par conséquent, le soutien qu’ils peuvent obtenir de celles-ci. On informe donc ces milieux sur les outils et les ressources pouvant les aider dans leur prise en charge », explique la conseillère experte.

Les ateliers que donne l’équipe sont personnalisés selon le domaine d’activité de l’entreprise et ses besoins. « Des milieux préfèrent qu’on parle de certains risques plutôt que d’autres parce qu’ils sont plus fréquents dans leur réalité quotidienne, explique Claudie Archambault-Therrien. On adapte donc chaque formation pour avoir des exemples concrets, qui parlent aux participantes et participants. »

Quelles entreprises peuvent se prévaloir du service?

Le programme est accessible à toutes les entreprises du Québec, peu importe leur secteur ou leur taille, sur une base strictement volontaire. « Puisque nous sommes actuellement dans la phase de rodage, nous sollicitons davantage les petites et moyennes entreprises, mais nous sommes bien heureux d’offrir aussi le service aux grandes entreprises », précise Mme Archambault-Therrien.

Lorsqu’une entreprise achemine sa demande par courriel à la CNESST, la conseillère ou le conseiller en santé psychologique de la région concernée prend contact avec l’employeur ou son représentant. « Puis commence l’analyse des besoins, explique Mme Archambault-Therrien. Nous regardons toute l’information disponible dans le secteur et nous posons des questions pour mieux cerner les besoins et le niveau de connaissance des RPS dans l’entreprise. Nous pouvons ainsi mieux adapter les ateliers et personnaliser la présentation », explique-t-elle.

Et ensuite?

À la fin de leur visite, les conseillères et conseillers en santé psychologique laissent de nombreux outils à la disposition des entreprises, comme des aide-mémoire à propos de chaque risque et de chaque facteur de risque. Les milieux peuvent alors identifier les risques et choisir les mesures de prévention adaptées à leur environnement. « D’entrée de jeu, l’objectif est de faire la promotion de la prise en charge des risques psychosociaux liés au travail et, donc, de sensibiliser et d’informer les entreprises, explique Claudie Archambault-Therrien. C’est la première étape. Des outils spécialisés seront conçus dans les prochains mois pour rendre les ateliers plus interactifs. Nous avons créé, entre autres, des mises en situation et des activités “vrai ou faux”. Nous avons une bonne base. Plusieurs autres idées se concrétiseront prochainement. Ça fait justement partie des tâches de notre équipe », ajoute-t-elle.

Si l’organisation visitée le désire, les conseillères et conseillers peuvent revenir quelques mois plus tard pour parler d’autres sujets qui pourraient faire l’objet d’un besoin ou d’une mise à jour. « Nous sommes vraiment heureux d’offrir ce type de services », se réjouit la conseillère experte.

Pour obtenir plus d’information ou pour prévoir une activité gratuite dans votre milieu de travail, écrivez à conseiller.santepsy@cnesst.gouv.qc.ca.

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