Un camionneur est heurté par un pylône

Par Geneviève Chartier

19 avril 2022

Illustration : Jean-Philippe Marcotte

En août 2020, un camionneur à l’emploi d’une compagnie de transport et un cariste effectuent le chargement de sections de pylônes tubulaires sur un camion semi-remorque à plateau. Lors de ces manœuvres, l’une des sections de pylône située sur le dessus du chargement qui se trouve sur le plateau de la semi-remorque tombe et heurte de plein fouet le camionneur qui, malheureusement, en décède…

Que s’est-il passé?

Le jour de l’accident, un camionneur et un cariste, qui se trouvaient dans la cour d’une entreprise spécialisée dans la galvanisation à chaud de pièces d’acier, devaient charger quatre sections médianes de pylônes tubulaires sur le plateau d’un camion semi-remorque à l’aide d’un chariot élévateur. Le cariste devait manutentionner les sections de pylônes à charger en respectant les directives du camionneur, qui était responsable du positionnement et de l’arrimage de son chargement en fonction des règlements de la route en vigueur.

Après avoir reçu les directives du camionneur sur les pylônes à charger et le positionnement de ces derniers sur le plateau du camion semi-remorque, le cariste commence le chargement de la cargaison à l’aide de son chariot élévateur muni de fourches de 244 centimètres (8 pieds). Il dépose simultanément les deux premiers pylônes sur le plateau. Ensuite, le cariste repart avec le chariot élévateur vers les casiers adjacents afin de préparer le transport des pylônes 3 et 4. Pendant que le cariste effectue ces manœuvres, le camionneur installe des cales d’espacement en bois sur le dessus des pylônes 1 et 2 dans le but de superposer le deuxième niveau de pylônes. Six sangles de retenue sont alors passées sur le premier niveau de pylônes, sans toutefois être arrimées du côté passager.

Le cariste procède ensuite au soulèvement des pylônes 3 et 4 et les transporte jusqu’au camion. À l’aide des fourches de son chariot élévateur, le cariste positionne les deux pylônes qu’il transporte en sens opposé, au-dessus du premier niveau de pylônes. Le camionneur fait alors signe au cariste de soulever le chargement de nouveau, il monte sur le plateau de la semi- remorque et installe des morceaux de bois et des cales d’espacement en bois supplémentaires. Une fois cette opération achevée, le camionneur demande au cariste de déposer le second niveau de pylônes. Par la suite, le cariste déplace le chariot élévateur à l’avant du chargement, du côté passager, et il soulève l’avant du chargement, soit les quatre pylônes simultanément. Le camionneur contourne alors le chargement par-derrière et se rend du côté conducteur avec un morceau de bois dans les mains; il tente d’insérer celui-ci entre le plancher de la semi-remorque et une attache d’acier qui se trouve sous le pylône 1. Comme l’espace est insuffisant, le camionneur fait signe au cariste de lever le chargement. Le chariot élévateur lève l’avant des quatre pylônes, puis le camionneur dépose le morceau de bois à l’endroit voulu. À ce moment, le pylône 3 tombe du chargement et heurte le travailleur, dont le décès est constaté au centre hospitalier.

Qu’aurait-il fallu faire?

Il a été déterminé que l’une des causes de l’accident était le pylône supérieur posé en équilibre précaire sur le plateau de la semi-remorque, ce qui a favorisé sa chute. Pour éviter cela, un plan détaillé du positionnement des pylônes, des cales d’espacement et des dispositifs de blocage requis aurait dû être réalisé au préalable. Une autre cause de l’accident est la levée du chargement par le chariot élévateur, qui a provoqué un mouvement de rotation du pylône supérieur, alors que le camionneur se trouvait directement dans sa trajectoire de chute. Le camionneur, dont l’attention était monopolisée par les ajustements qu’il tentait de faire au chargement, n’aurait pas dû se trouver à cet endroit. En effet, la Norme B-335-15 (Norme de sécurité pour les chariots élévateurs) précise que le cariste doit s’assurer que les personnes à proximité se tiennent à une distance sécuritaire des charges élevées. De plus, le camionneur ne disposait d’aucune information sur les étapes de chargement du matériel et sur l’équipement de sécurité requis. Aussi, en fonction des équipements disponibles dans l’entreprise, le chargement des pylônes était réalisé à l’aide d’un chariot élévateur, ce qui implique que ces derniers soient déplacés en duo sur les fourches du chariot. Cela entraîne un déplacement en équilibre précaire. Une méthode de travail élaborée à la suite de l’identification des risques aurait donc permis d’arrimer les pylônes de façon sécuritaire pendant le chargement. Toutefois, l’élément à retenir afin d’éviter la survenue d’un tel accident est que jamais personne ne devrait se trouver à proximité d’une remorque de camion lorsque des charges y sont manipulées par des chariots élévateurs. Finalement, il importe de rappeler qu’il est de la responsabilité de l’employeur de s’assurer que les travailleuses et les travailleurs reçoivent la formation nécessaire et connaissent les méthodes de travail sécuritaires. Il lui revient aussi d’identifier et d’analyser les risques pour éviter la survenue des accidents.

Personne-ressource : Pierre Privé, coordonnateur aux enquêtes, Direction générale de la gouvernance et du conseil stratégique en prévention à la CNESST

Enquête réalisée par : Mathieu Ruel et Stéphanie Rosa, inspecteurs à la CNESST

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