Santé, sécurité et diversité

Bien jouer son rôle auprès des nouveaux arrivants

Par Gabrielle Fallu

18 juillet 2023

Photo : Shutterstock

Dans le cadre d’un événement organisé par la CNESST, Sylvie Gravel, docteure en santé publique de l’Université de Montréal, a donné une conférence sur la santé, la sécurité et la diversité dans les milieux de travail. Au cours de celle-ci, Mme Gravel a expliqué comment les inégalités en lien avec la santé et la sécurité du travail touchent les gens issus de la diversité ethnique de toutes les régions du Québec. Qu’il s’agisse de travailleuses et de travailleurs étrangers temporaires (TET) ou de nouveaux arrivants, la conférencière a proposé des pistes de solution pour les soutenir.

Durant ses vingt ans de carrière, Mme Gravel a maintes fois pu constater l’importance des travailleuses et des travailleurs venant de l’étranger pour l’économie québécoise. En effet, elle affirme que le Québec a un urgent besoin de main-d’œuvre et que l’aide que peuvent nous apporter ces travailleuses et ces travailleurs est précieuse. Mme Gravel explique qu’attirer et inciter ces derniers à rester en région – là où les besoins en main d’œuvre sont criants – demande un effort concerté de la part de tous les acteurs impliqués.

Par exemple, l’experte affirme qu’il convient de stabiliser le plus rapidement possible la main-d’œuvre composée de nouveaux arrivants en leur proposant d’intégrer des milieux de travail leur permettant de grandir et de faire évoluer leur statut d’employé. Ce rôle peut être joué par les entreprises, les villes, les services d’immigration, les organismes communautaires et les acteurs impliqués dans le processus de reconnaissance des acquis. De leur côté, les intervenants de la CNESST peuvent soutenir les milieux de travail qui embauchent des travailleurs issus de l’immigration dans leur démarche de prévention des risques professionnels et sensibiliser les nouveaux arrivants aux droits et obligations en matière de travail afin qu’ils soient en mesure de les exercer et de les respecter.

Voici donc le rôle que doivent jouer les différents intervenants qui gravitent autour de ces travailleuses et de ces travailleurs, selon Mme Gravel.

Les conseillères et les conseillers en prévention

Mme Gravel explique que, bien que le rôle de la conseillère ou du conseiller en prévention n’est pas de voir à l’intégration des personnes immigrantes, elle ou il doit prendre en considération deux caractéristiques de la travailleuse ou du travailleur immigrant : la première est son inexpérience des savoirs de prudence québécois; la deuxième concerne les écarts d’expérience entre le poste occupé par la travailleuse ou le travailleur et les compétences acquises dans son pays d’origine (par exemple, l’écart entre les compétences d’un ingénieur informatique et les savoirs de prudence d’un manutentionnaire, soit le phénomène de la surqualification). Ainsi, afin de faciliter l’intégration, Mme Gravel propose aux conseillères et aux conseillers en prévention de créer des formations adaptées à la langue des travailleuses et des travailleurs afin qu’ils comprennent bien, au départ, les mesures de prévention.

Aussi, la conférencière déconseille de confier, sans supervision, aux nouveaux travailleurs et travailleuses les tâches les plus dangereuses, par exemple celles qui exigent la manipulation de produits toxiques ou des efforts excessifs. En effet, elle explique que les travailleurs occasionnels occupent trop souvent des postes difficiles sur des quarts de travail peu supervisés comme ceux de nuit, de fin de semaine ou durant les vacances des employés permanents. « Ces travailleuses et ces travailleurs ont deux à trois fois plus de chances de ne pas connaître les mesures de prévention en lien avec la santé et la sécurité du travail », ajoute Mme Gravel.

Les collègues

Comme l’explique Mme Gravel, les collègues de ces travailleuses et travailleurs doivent faire preuve de bienveillance et de solidarité envers ceux-ci; il en va de leur sécurité à tous. Ainsi, ils se sentiront appréciés et exprimeront peut-être le souhait de revenir ou même de demeurer au sein de l’entreprise.

Les responsables en santé et sécurité du travail

Il est essentiel, selon l’experte, que les responsables en santé et sécurité du travail (que ce soit à la santé publique ou en entreprise) accompagnent les milieux de travail afin que les travailleuses et les travailleurs puissent effectuer leurs tâches de manière sécuritaire. Ainsi, les employeurs, de concert avec les préventionnistes internes ou externes à l’entreprise, peuvent identifier, parmi les travailleuses et les travailleurs, un « leader » qui parle leur langue afin qu’il puisse partager les notions liées à la SST qu’il a apprises.

Les conseillères et les conseillers en indemnisation

Les conseillères et les conseillers en indemnisation doivent, au besoin, épauler les travailleuses et les travailleurs immigrants lors de leurs démarches de demande d’indemnisation auprès de la CNESST. En outre, Mme Gravel dit qu’il est essentiel de ne pas tenir pour acquis que le système d’indemnisation de la Commission est connu des travailleuses et travailleurs venant de l’étranger. Leur compréhension de celui-ci se limite souvent aux récits des gens de leur entourage, qui peuvent vite se transformer en légendes urbaines. Il importe aussi de mentionner qu’il revient aux employeurs d’informer leurs travailleuses et leurs travailleurs que ce type de service est offert par la CNESST.

Les conseillères et les conseillers en réadaptation

La conseillère ou le conseiller en réadaptation doit s’assurer que ces travailleuses et travailleurs comprennent bien le programme de réadaptation à la suite de lésions professionnelles et qu’ils suivent adéquatement ce programme. Ainsi, la conseillère ou le conseiller doit anticiper le risque d’abandon du programme de réadaptation parce que la lésion peut représenter, pour la travailleuse ou le travailleur, un échec d’intégration professionnelle, une rupture symbolique de l’entièreté du projet migratoire. Mme Gravel suggère donc de présenter la lésion professionnelle comme un accident de parcours, et le programme de réadaptation comme un levier de la réintégration au marché du travail.

Des stratégies d’inclusion intéressantes, selon Mme Gravel

  • S’informer sur les diverses formes de précarité (de statut, de reconnaissance professionnelle et du lien d’emploi).
  • Comprendre l’impact des formes de précarité sur la capacité des travailleuses et des travailleurs immigrants à occuper des emplois qui ne correspondent pas à leur scolarité ou à leur expérience de travail.
  • Adapter les programmes de prévention afin de s’assurer qu’ils sont bien compris par les travailleuses et les travailleurs en situation de précarité.

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