Pour des piscines plus saines

Par MAXIME BILODEAU

9 avril 2024

Photo : iStock.com/BalanceFormcreative

Les piscines intérieures s’apparentent parfois à des bouillons de culture. Une équipe de recherche financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) propose des stratégies pour mieux contrôler le niveau de contamination.

En théorie, l’air et l’eau des piscines intérieures du Québec sont de bonne qualité. En pratique, ils constituent souvent des sources de préoccupation constantes pour les gestionnaires de ces établissements. C’est que les agents désinfectants ajoutés dans l’eau, dont le chlore, interagissent avec les matières organiques présentes, y compris celles qu’y transportent les baigneurs et baigneuses. Les réactions chimiques ainsi provoquées sont à l’origine de sous-produits de désinfection (SPD) potentiellement nocifs pour la santé.

Certains de ces contaminants sont plus nuisibles que d’autres. C’est notamment le cas de la trichloramine, une substance volatile qu’on trouve en suspension dans l’air, qui génère l’odeur caractéristique des piscines intérieures. Lorsque présente en grande quantité, elle peut provoquer l’irritation des voies respiratoires et des yeux, ainsi que causer des maladies chroniques, comme l’asthme et les bronchites. Ces problèmes de santé concernent tout particulièrement le personnel des piscines.

« Il n’y a pas de valeur d’exposition admissible pour les trichloramines dans un contexte professionnel au Québec. Il existe toutefois des méthodes de mesure pour évaluer l’exposition », affirme Maximilien Debia, professeur au Département de santé environnementale et santé au travail de l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Avec des collègues, il signe un rapport visant à améliorer la gestion et la surveillance des SPD dans les piscines intérieures.

Place pour l’amélioration

Ce document résume cinq articles que l’équipe de recherche a publiés dans des revues savantes. Ces études contribuent toutes à renforcer l’état des connaissances sur la gestion et la mesure des SPD dans l’eau et l’air des piscines intérieures. L’une d’elles conclut, par exemple, que la fréquentation des baigneurs a des conséquences notables sur les niveaux de SPD mesurés. Une autre décrit les incertitudes associées à l’utilisation de certains dispositifs d’échantillonnage des trichloramines.

À la lumière de ces différents résultats, les scientifiques recommandent de renforcer la surveillance des trichloramines dans l’eau et l’air des piscines. « Nous pensons que des mesures sur huit heures ou sur un quart de travail complet seraient appropriées pour évaluer l’exposition des travailleuses et travailleurs, explique Maximilien Debia. De plus, le développement d’une méthodologie robuste et validée sur le terrain vient renforcer les recommandations formulées dans le rapport. Il serait aussi important de mettre en place une valeur d’exposition admissible pour la trichloramine dans l’air des piscines au Québec, par exemple en s’inspirant de la valeur d’exposition de 0,35 mg/m3 proposée par le Work Safe BC (Colombie-Britannique) ».

L’équipe de recherche s’est en outre intéressée aux effets des diverses stratégies de ventilation pour gérer la contamination de l’air des piscines intérieures afin de garantir une qualité optimale pour les personnes qui évoluent dans ces infrastructures.

Des solutions

Il est possible de mieux maîtriser l’exposition professionnelle aux SPD, dont les trichloramines, dans le contexte québécois. Cela passe assurément par une action prioritaire : la réduction à la source des matières organiques, lesquelles sont essentiellement responsables de la formation des SPD dans les piscines intérieures. Le rapport conseille à cet effet « des aménagements comme l’installation de [bains de pieds], l’obligation des douches avant de rentrer dans la piscine ou le port obligatoire du bonnet de bain », des mesures d’hygiène reconnues comme étant efficaces.

Le rapport suggère également que les gestionnaires de piscines intérieures assurent un bon taux de renouvellement de l’air, c’est-à-dire jusqu’à huit changements à l’heure plutôt que les quatre à six minimalement recommandés. Cela favoriserait la dilution des trichloramines, qui ont tendance à s’accumuler à la surface de l’eau et autour des bassins. « Avec nos hivers assez froids, cela peut être compliqué. Il est difficile de maintenir un niveau de confort thermique acceptable pour les baigneurs et baigneuses », précise le document.

Pour en savoir plus

Rapport synthèse : Développement de stratégies visant à contrôler le niveau de contamination des piscines par les sous-produits de désinfection (RS-1185-fr)

Chercheurs et chercheuses : Maximilien Debia, Elham Ahmadpour, Isabelle Valois, Sami Haddad et Robert Tardif, Centre de recherche en santé publique, Département de santé environnementale et santé au travail, Université de Montréal, Stéphane Hallé et Hélène Proulx, École de technologie supérieure, Manuel Rodriguez, François Proulx, Ianis Delpla, Jean Sérodes et Sabrina Simard, Chaire de recherche en eau potable, Université Laval

IRSST

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