Lutter contre les incendies sans coup de chaleur ou hyperthermie

Par MAXIME BILODEAU

5 Décembre 2023

Photo : iStock.com/stevecoleimages

Une recherche financée par l’IRSST fait le point sur de nouvelles technologies censées améliorer le confort de l’habit des pompiers et pompières.

Ce n’est pas sans raison que, dans le jargon du métier, on qualifie l’habit de pompier de « bunker ». En portant cet uniforme constitué de trois couches, soit une coque extérieure, une barrière contre l’humidité et un revêtement thermique, le combattant et la combattante du feu diminuent leur risque d’être exposés à des températures extrêmes et à des produits chimiques, ce qui leur permet de lutter efficacement contre les incendies.

Cette protection contre les flammes a néanmoins un coût : il sévit à l’intérieur de ces habits un microclimat propice à l’accumulation de chaleur et d’humidité. Au stress de la situation d’urgence s’ajoutent donc des contraintes thermiques qui peuvent accentuer la difficulté des efforts déployés. De fait, les États-Unis reconnaissent les arrêts cardiaques soudains comme étant la principale cause de décès des pompiers et pompières, ce qui survient souvent pendant ou après l’exercice de leurs fonctions.

« La problématique associée à ces vêtements individuels de protection (VIP) est assez bien connue et documentée. Au Québec, elle se pose surtout durant les chauds mois d’été », affirme Denis Marchand, professeur au Département des sciences de l’activité physique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Dans certaines parties du monde, comme au sud des États-Unis, cette préoccupation demeure cependant constante.

Place à l’amélioration

Avec entre autres Chantal Gauvin, professionnelle scientifique à l’IRSST, Denis Marchand cosigne une étude sur la réponse physiologique au port de deux membranes barrières qui éliminent l’humidité, l’une étant réputée plus efficace. Deux designs d’habits, un traditionnel et l’autre novateur, et un nouveau système d’aération ont aussi été éprouvés en parallèle. « Il s’agit d’un domaine où on peut mieux faire », souligne le chercheur, en référant à ces innovations.

L’équipe de recherche a embrigadé dix volontaires pour mettre ces nouvelles technologies à l’épreuve, soit des participantes et participants issus des programmes en sciences de l’activité physique de l’UQAM. « Comme les tests d’effort à réaliser n’exigeaient pas d’expérience de travail avec le VIP, il n’était pas nécessaire de recruter de vrais pompiers et pompières pour cette étude », précise Denis Marchand.

Les sujets ont subi des tests de marche de 45 minutes sur un tapis roulant à environ 5 km/h dans une pièce où la température était maintenue à 35 °C et l’humidité relative à 50 %. Tous se sont rendus huit fois au laboratoire : la première fois pour passer un test de consommation maximale d’oxygène (VO2Max) et s’acclimater, les suivantes pour se prêter aux différentes conditions expérimentales de VIP. Les scientifiques mesuraient chaque fois diverses variables associées au processus de thermorégulation.

Résultats en demi-teinte

Température interne, fréquence cardiaque, consommation d’oxygène : l’ensemble des variables a augmenté tout au long de la durée du test, et ce, peu importe les conditions évaluées. La membrane barrière de nouvelle génération ne s’illustre qu’au chapitre de la perception psychophysique de l’effort, moins élevée que la membrane conventionnelle pendant les 20 dernières minutes du test. Les autres technologies de VIP n’ont pas réduit les contraintes thermiques et physiologiques.

De l’avis de Denis Marchand, ces résultats « vraiment subtils » sont inférieurs aux attentes initialement formulées. Même si la petite taille de l’échantillon a pu avoir une incidence sur les analyses statistiques, le constat reste probant : ces innovations ne produisent pas de véritables différences significatives pour les travailleurs et travailleuses du feu. « Pour leur bénéfice, il est important de continuer à améliorer l’efficacité des matériaux qui composent les VIP », mentionne le chercheur.

Pour les entreprises spécialisées dans la conception d’un tel équipement, il est impératif de limiter la hausse de l’humidité relative à l’intérieur du « bunker ». C’est en effet ce qui rend pratiquement impossible le refroidissement par l’évaporation de la sueur à la surface de la peau des pompiers et pompières. « Dès lors que l’humidité relative à l’intérieur du VIP devient supérieure à 80 %, ce qui survient après seulement quelques minutes d’effort, la sudation perd de son efficacité », conclut Denis Marchand.

Pour en savoir plus

Rapport : irsst.info/r-1183

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