Identifier les dangers liés aux foreuses

Un geste incontournable

Par Paul Therrien

25 avril 2023

Les foreuses sont essentielles lors des travaux en chantier et l’inspection des sous-sols. Ainsi, on s’en sert dans toutes sortes d’environnements, peu importe les conditions climatiques. Utiliser une foreuse sécuritaire et une méthode de travail axée sur la prévention est donc primordial, sans quoi les travailleuses et les travailleurs des compagnies de forage s’exposent à des risques d’accident graves. Pour en savoir plus sur les enjeux liés à l’utilisation sécuritaire de ces machines, nous avons discuté avec Yvon Lacombe, coordonnateur santé-sécurité et environnement chez SNC-Lavalin, et avec Mylène Cragnolini, ingénieure-conseillère à la direction du génie-conseil de la CNESST.

Le forage, c’est l’activité qui consiste à percer des trous à l’aide d’une machine qui creuse en tournant ou en percutant. Les machines pour forer sont très variées, tout comme leurs usages. Leurs caractéristiques varient selon les objectifs à atteindre, la nature des sols à percer et la particularité des sites où ont lieu les travaux. On utilise des foreuses dans des domaines liés au génie civil comme l’étude des sols, le forage de puits et l’exploitation minière. Aussi, des trous sont percés dans des murs, en construction, ou dans les mines pour poser des ancrages. On se sert aussi des foreuses pour vérifier le sol d’un chantier avant les travaux afin de connaître sa capacité portante et d’analyser s’il y a contamination. Ce sont des firmes spécialisées en forage qui effectuent les tâches avec les foreuses pour une variété de travaux. « Chez SNC-Lavalin, il y a deux départements distincts qui font de la sous-traitance avec des compagnies de forage pour des travaux spécifiques. Par exemple, si on nous engage pour faire des prélèvements et des analyses des sols, ou pour des projets de construction, ce sont les sous-traitants qui font des forages à notre place dans beaucoup de cas », explique Yvon Lacombe.

Accidents : des risques et des causes

À travers les décennies, de nombreux accidents graves, voire mortels, ont été liés à l’utilisation de machines de forage. En France, entre 1984 et 2009, il s’est produit 36 accidents de ce type, et ils ont été mortels dans 64 % des cas. Selon les statistiques françaises, il y a trois types d’accidents plus fréquents : l’opératrice ou l’opérateur est victime d’un accident pendant les travaux de forage, pendant la phase d’exploitation ou du retrait et/ou de l’ajout des outils, ou elle ou il est happé par l’outil en rotation et entraîné autour du train des tiges. Les causes principales sont la présence d’une opératrice ou d’un opérateur à proximité de la zone dangereuse de forage, les interventions à proximité des outils en mouvement ou une mauvaise manœuvre effectuée avec une machine mobile. « Les principaux accidents sont en lien avec le train de tige, souligne Mylène Cragnolini. La zone dangereuse est autour de la tige en rotation. On tente de protéger la tige, mais ce n’est pas toujours bien fait ». Comme les machines de forage ont une durée de vie de quelques décennies, il pouvait jadis arriver que des opérateurs se trouvent à proximité de foreuses dont les normes d’alors n’étaient pas très exigeantes. « Pour les machines fabriquées selon l’ancienne norme (EN 791 Appareils de forage : sécurité), des dispositifs sensibles positionnés de chaque côté du train de tige font en sorte que, si on se fait entrainer, le mouvement s’arrête, mais cela ne fait qu’atténuer les dommages, explique la conseillère. Le mal est déjà fait, car le travailleur est déjà entraîné par le mouvement de la tige. La norme moderne (EN 16228 Machines de forage et de fondation : sécurité) indique qu’il faut mettre en place des mesures de protection qui empêchent l’accès aux pièces en mouvement, comme une combinaison de protecteurs fixes et mobiles munis de dispositifs de verrouillage ». Il faut aussi prendre en considération les risques ergonomiques propres à l’utilisation de ces machines, qui sont toutefois atténués par le nouvel équipement. « Comme les tiges métalliques qui creusent, communément appelées « tubage » et « carrotiers », sont lourdes, les travailleuses et les travailleurs risquent de se blesser en les transportant. Heureusement, sur les machines modernes, on a maintenant des bras articulés qui peuvent prendre cette tâche en charge », dit Yvon Lacombe.

Sécurité et protection

Comme c’est le cas avec tous les outils et machines, le risque d’accident est plus élevé lorsque les mesures de prévention sont insuffisantes. En ce qui concerne les foreuses, les règles à suivre pour la sécurité et la prévention sont sensiblement les mêmes pour tous les modèles. C’est le devoir de l’employeur, en collaboration avec les travailleuses et les travailleurs, de rédiger les consignes de sécurité à respecter, basées sur les instructions fournies par les manufacturiers de foreuses, et de les mettre en place pour réduire au maximum les risques d’accident. « Les normes ont été grandement améliorées, notamment en ce qui concerne la zone de protection autour du train de tige, indique Mme Cragnolini. Différentes mesures de protection ont été ajoutées pour rendre la zone dangereuse inaccessible à la travailleuse ou au travailleur. Par exemple, selon la norme moderne, lorsque des tronçons de tige doivent être ajoutés, l’opératrice ou l’opérateur peut utiliser un mode de commande de fonctionnement réduit qui permet, entre autres, une rotation ralentie lors de l’ajout et du positionnement des tronçons de tige pour palier, par exemple, au retrait du protecteur à cette étape ». On doit aussi procéder à des vérifications et maintenir l’équipement en bon état. Comme les machines sont utilisées dans diverses conditions, hiver comme été, beau temps ou mauvais temps, leur fonctionnement peut en être affecté. Par exemple, il peut arriver que le système d’arrêt d’urgence sur le mât de forage de la foreuse soit inopérant. D’ailleurs, un accident au cours duquel un travailleur est décédé parce que ce dispositif de dernier recours était inopérant s’est produit au Québec en 2006.

Les accidents les plus communs ayant eu lieu lors d’activités de forage

  • 39 % Happement de l’opérateur
  • 19 % Mouvement incontrôlé de l’engin
  • 14 % Renversement de l’engin Chute, effondrement
  • 14 % Autre

Il importe également de bien former les opératrices et les opérateurs ainsi que les assistantes et les assistants au forage afin qu’ils suivent les bonnes pratiques en matière de conduite des machines de forage. « L’une des choses primordiales que nous essayons de faire dans une firme de génie comme la nôtre, c’est de nous assurer que nos sous-traitants mettent en place de bons programmes de prévention et que leur personnel est formé adéquatement. Aussi, nous leur demandons de remplir des formulaires pour être sûrs que leur machinerie a été mise à jour et qu’ils ont mis en place les mesures exigées selon les normes, la législation et notre programme de prévention. Nous leur demandons aussi de faire une analyse des risques et de nous démontrer ce qu’ils font pour diminuer ceux-ci », termine Yvon Lacombe.

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