Débroussailler sans tomber
Par KAROLANE LANDRY
28 février 2023
Photo : Istock
Trous, souches d’arbres, branches, pentes, terrains glissants et débris : les débroussailleurs sont exposés à plusieurs risques au cours de leur journée en forêt. Parmi ceux-ci, les chutes de même niveau comptent pour 28 % des accidents du travail dans le secteur de l’aménagement forestier.
L’IRSST a donc produit une fiche traitant de la prévention des chutes en forêt dans les travaux de débroussaillage destinée aux formateurs et intervenants en santé et sécurité du travail, ainsi qu’aux superviseurs et aux débroussailleurs. La fiche présente les principaux facteurs de risque de chute et des stratégies de prévention. Selon Marie Comeau, conseillère en mobilisation des connaissances à l’IRSST, des intervenants du secteur ont partagé généreusement leurs connaissances de ce métier méconnu. « Le métier de débroussailleur est complexe et nécessite plusieurs compétences. Il gagnerait à être connu davantage », ajoute-t-elle.
Comme son nom l’indique, un débroussailleur manipule une débroussailleuse permettant de couper de petits arbres et d’éclaircir les boisés pour renouveler les forêts. Les travailleurs qui font ce travail saisonnier ont le mandant de contrôler la végétation concurrente pour favoriser la régénération naturelle ou artificielle des essences désirées. Ils doivent également dégager les corridors de transport, dont les routes et les lignes électriques.
Prévenir les chutes en forêt
La fiche de l’IRSST présente les facteurs de risque liés aux chutes en forêt et illustre les stratégies de prévention à mettre en place pour les prévenir et minimiser l’influence de l’environnement risqué. En voici un bref survol :
- Formation et compagnonnage
Plus un travailleur est expérimenté, plus il acquiert des méthodes de travail qui réduisent les risques. « Il faut former les nouveaux travailleurs préalablement et les accompagner lorsqu’ils arrivent dans le milieu de travail. Des formations techniques de rafraîchissement devraient également être offertes », mentionne Marie-Hélène Poirier, conseillère en mobilisation des connaissances. - Planification et organisation du travail
L’état du terrain entre en cause dans 80 % des accidents, car les débris naturels et les résidus de coupe présentent de grands risques. De plus, les débroussailleurs se retrouvent bien souvent sur des terrains escarpés et ils doivent conjuguer avec la météo. Par exemple, la pluie peut rapidement rendre un terrain très glissant. Pour déterminer des stratégies de prévention, il faut d’abord identifier ces risques et bien d’autres encore. Il sera ensuite plus aisé de planifier le travail, dont le parcours de coupe en fonction de ces dangers. - Méthodes de travail
Il faut tracer des sentiers d’accès d’une largeur de un à deux mètres pour faciliter les déplacements des travailleurs sur le terrain. Il faut également bien réfléchir au parcours de la coupe. Selon Marie-Hélène Poirier, « les travailleurs expérimentés commencent la journée loin du sentier d’accès pour tranquillement y revenir en fin de journée. Cela évite les va-et-vient inutiles au coeur des débris ». Il convient de privilégier la technique de l’abattage directionnel, par exemple, considérer la direction du vent pour faire tomber les branches dans le même sens, soit vers le terrain déjà traité, réduit les risques. - Collectif de travail
Les débroussailleurs doivent pouvoir échanger sur leurs expériences et discuter des stratégies et des méthodes de travail sécuritaires qui fonctionnent. - Les équipements de protection individuelle (EPI)
Comme dans tout métier manuel, les travailleurs doivent porter des EPI adéquats, notamment des bottes de sécurité munies de semelles antidérapantes pour éviter les risques de chutes. Leurs vêtements et leur harnais doivent être bien ajustés pour ne pas entraver leurs mouvements et ainsi créer des déséquilibres. À cet effet, des formateurs ont suggéré le port de bretelles pour garder le pantalon bien en place. Le port d’un casque de sécurité, d’une protection oculaire et auditive sont également requises selon la réglementation. Des gants ou moufles sont aussi nécessaires pour un travailleur qui utilise une débroussailleuse. - La débroussailleuse
Par son poids et sa forme, l’outil, qui pèse autour de 12 kg, contribue aux chutes s’il est mal positionné. Sa répartition inégale sur les hanches nuit à la stabilité du travailleur. Les rebonds ou les reculs de la machine contribuent également à causer des déséquilibres.
En conclusion
En résumé, pour prévenir les chutes de même niveau en forêt, il est essentiel d’identifier les risques présents sur le site de coupe et d’appliquer les stratégies de prévention de manière à agir sur l’ensemble des dangers. « Bien que toutes les stratégies de prévention soient efficaces, il est important de miser sur la formation initiale, de même que sur des mises à jour ponctuelles », conclut Marie-Hélène Poirier.
Pour en savoir plus
Fiche : irsst.info/dt-1165
Capsule vidéo : savoir.media/clip/chutes-en-foret