Ferrailleurs : vers un plan d’action pour prévenir les risques
Par CATHERINE COUTURIER
17 janvier 2023
Photo : Istock
Il est parfois difficile de pratiquer le métier de ferrailleur. Partant de la littérature, l’IRSST a documenté les principaux facteurs de risque de TMS auxquels ces travailleurs sont exposés et les pistes de prévention qui leur sont associées.
À la fin 2020, l’IRSST reçoit, par l’entremise de l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur de la construction (ASP Construction), une demande de partenaires de ce milieu qui souhaitent être épaulés dans la recherche de solutions pour les ferrailleurs. En fait, ils espèrent obtenir le soutien de l’IRSST pour établir un plan d’action visant ces travailleurs sujets aux troubles musculosquelettiques. « C’est un métier qui a la réputation d’être difficile, et le recrutement de nouveaux ferrailleurs est aussi ardu », mentionne Édith Vinet, conseillère en mobilisation des connaissances à l’Institut.
Des scientifiques ont dressé un état des connaissances couvrant les 20 dernières années : « La demande étant assez large, on a donc voulu explorer la littérature pour voir s’il existait des mesures de prévention spécifiques pour les ferrailleurs qui pourraient être appliqués dans le contexte québécois », résume Édith Vinet. Les documents consultés ont fourni un éclairage sur les principales tâches, les risques et les mesures de prévention. « Nous nous en sommes servi comme point de départ pour amorcer la discussion et valider si cela représente leur réalité et pourrait être pertinent sur le terrain », ajoute la conseillère de l’IRSST.
Un portrait représentatif
Les résultats de la revue de littérature ont été présentés aux partenaires : le métier de ferrailleur comporte plusieurs facteurs de risque de troubles musculosquelettiques, notamment en raison de la flexion prononcée du tronc et des mouvements répétitifs rapides du poignet lors de la ligature d’acier d’armature avec une pince. « Les charges à transporter sont lourdes, les surfaces souvent instables, et le travail est intense », rappelle Édith Vinet.
Une seule des mesures de prévention a été étudiée, soit l’utilisation d’un outil motorisé à manche extensible. Il est toutefois important de mentionner que cette solution n’a pas fait l’objet d’une évaluation sur le terrain et qu’il faudrait explorer d’autres pistes de prévention mentionnées dans la littérature.
Facteurs de risque de TMS
Position et mouvements
Les ferrailleurs doivent maintenir une flexion prononcée du tronc et exécuter des mouvements rapides et répétitifs du poignet lorsqu’ils font la ligature d’acier d’armature à l’aide d’une pince. Selon les auteurs, ces postures et mouvements excèderaient, dans certains cas, les seuils de risque établis dans certaines normes et lignes directrices.
Manutention des charges
Les ferrailleurs consacrent 18 % ou plus de leur temps à la manutention de charges. De plus, la proportion du temps qu’ils consacrent à manutentionner des charges lourdes (plus de 23 kg ou 25 kg, selon les auteurs et autrices) varie selon les études puisque les tâches et conditions de travail sont différentes.
Surfaces instables ou inégales
Selon les études, les ferrailleurs travailleraient souvent sur des surfaces instables ou inégales (25 % à 70 % du temps).
Intensité du travail physique
Des auteurs et autrices constatent que l’intensité du travail physique des ferrailleurs, évaluée à l’aide de mesures de la fréquence cardiaque, de la consommation d’oxygène et de la dépense énergétique, excède régulièrement les seuils acceptés, ce qui peut présenter des risques de fatigue physique.
Pour en savoir plus
Fiche : irsst.info/dt-1163