Élaborer un programme de protection respiratoire : mode d’emploi

Par LAURIE NOREAU

28 juin 2022

Dans les entreprises dont l’air contient des contaminants ou une faible concentration en oxygène, la santé respiratoire des travailleurs pose un enjeu important. Il est donc essentiel qu’elles mettent en place un programme de protection respiratoire (PPR). Toutefois, l’élaboration d’un tel programme n’est pas une mince tâche. Heureusement, le Guide sur la protection respiratoire vient épauler ces milieux de travail dans la mise en oeuvre des modifications réglementaires à cet égard.

Réalisé conjointement par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) et la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), cette nouvelle version du Guide sur la protection respiratoire fournit un accompagnement pour implanter un PPR. Repensé, le document intègre les toutes nouvelles règlementations qui concernent cette question.

De l’évaluation des risques à la sélection des appareils de protection respiratoire (APR) en passant par la tenue de registres, le guide aborde toutes les étapes d’un PPR, notamment une section qui décrit les catégories d’appareils approuvés au Québec. « Le guide offre une démarche structurée, pour accompagner étape par étape la personne qui met en place le programme, pour atteindre adéquatement le fil d’arrivée », explique Charles Labrecque, chimiste et conseiller expert en prévention-inspection à la CNESST.

Le guide fait toutefois une mise en garde : l’utilisation d’un appareil de protection respiratoire constitue une solution de dernier recours. Avant de l’envisager, il vaut mieux privilégier les autres moyens de maîtrise de l’exposition et idéalement, éliminer à la source l’exposition des travailleurs aux contaminants. Cependant, un APR devient parfois la seule option pour assurer leur santé et leur sécurité, et le programme de protection respiratoire s’avère alors d’autant plus essentiel. « Les étapes de l’évaluation des risques, du choix et de l’utilisation de l’appareil de protection respiratoire sont celles qui occupent le plus de place dans le guide. Ce sont des points névralgiques, mais aussi les aspects les plus compliqués », reconnaît Capucine Ouellet, hygiéniste du travail certifiée et professionnelle scientifique à l’IRSST.

Faire appel à un expert

Peu d’entreprises bénéficient des services d’un hygiéniste du travail à l’interne. Résultat : plusieurs ne possèdent pas de programme de protection respiratoire en bonne et due forme. Les travailleurs accomplissent tout de même leurs tâches en portant un appareil de protection respiratoire, mais ce dernier n’est pas nécessairement adapté aux contaminants présents dans leur milieu de travail. « Le choix d’un APR est crucial pour assurer la santé des travailleurs. Toutefois, ce n’est pas une tâche simple. Il ne faut donc pas hésiter à faire appel à un expert pour nous aider dans l’élaboration d’un programme de protection respiratoire », recommande Capucine Ouellet. Les auteurs du guide suggèrent d’ailleurs de combiner la visite d’un spécialiste avec d’autres tâches pour maximiser son déplacement, comme une campagne d’échantillonnage ou des audits d’assurance qualité. La combinaison avec d’autres impératifs favorise que l’employeur n’oubliera pas les suivis récurrents (p. ex. : les essais d’ajustement ou l’évaluation du programme) devant être effectués pour implanter son programme.

Un organigramme de sélection a aussi été créé pour simplifier le choix de l’appareil. En utilisant cet outil, l’employeur devrait pouvoir sélectionner un APR offrant une protection minimale dans une situation spécifique. « La démarche du choix devrait être rapide si l’évaluation des risques a été bien effectuée au préalable, explique Charles Labrecque. Ce que nous disons aux employeurs, c’est : rassemblez toutes vos informations et ensuite, ce sera plus facile de déterminer l’appareil de protection respiratoire le plus approprié en suivant l’organigramme de sélection. »

Il est important de noter que le Règlement sur la santé et la sécurité du travail (RSST) et la norme Z94.4 de l’Association canadienne de normalisation (CSA) relatives au choix, à l’utilisation et à l’entretien des appareils de protection respiratoire ont préséance sur le guide. Plus précisément, ce guide vient épauler les employeurs dans la mise en oeuvre des nouvelles exigences réglementaires pour la protection respiratoire des travailleurs.

Au-delà du choix de l’appareil

Cependant, même si l’appareil de protection respiratoire a été bien choisi, il reste du travail à faire. L’essai de son ajustement, aussi appelé fit test, n’est pas à négliger. Il assure que la pièce faciale s’ajuste bien à l’utilisateur et qu’il s’agit du modèle qui lui convient le mieux. Les types d’essais d’ajustement sont d’ailleurs décrits dans le guide. Une section est aussi consacrée aux procédures d’utilisation des APR, incluant la durée de vie des éléments d’épuration d’air et les bonnes pratiques de nettoyage et d’entreposage. « L’efficacité globale de la protection respiratoire sera aussi bonne que son maillon le plus faible, prévient Charles Labrecque, qui est aussi hygiéniste du travail certifié. Si certaines étapes du PPR sont négligées ou mal effectuées, le résultat ne sera pas optimal. »

Il faut également que les responsabilités de chacun soient clairement établies. Qui s’occupe de l’entretien des pièces faciales ? Qui est chargé de l’évaluation des risques ? L’attribution des rôles fait aussi partie du PPR. « Quand les responsabilités sont bien distribuées, il n’y a pas de mauvaises surprises le jour où quelqu’un part à la retraite ou en congé de maternité. Les rôles pourront être réassignés rapidement, sans ambiguïté », constate Charles Labrecque.

Les deux experts en hygiène du travail auraient souhaité proposer un modèle personnalisable du programme de protection respiratoire que les intervenants sur le terrain pourraient remplir pour leur faciliter encore davantage la tâche. Ils ont plutôt opté pour fournir des liens vers des PPR personnalisables existants. « Nous savons que beaucoup de choses sont exigées des entreprises et un PPR ne figure pas nécessairement parmi leurs priorités. Avec ce guide, nous proposons une structure et nous souhaitons que les gens s’en inspirent pour améliorer leurs façons de faire », espère Capucine Ouellet.

POUR EN SAVOIR PLUS

Guide : irsst.info/rg-1123

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