Manutention : vers une stratégie intégrée de prévention

Par Joanie Chartrand

21 juin 2020

Été 2020, vol. 33/2

Du préparateur de commandes à l’éboueur en passant par le personnel hospitalier et le déménageur, des travailleurs de plusieurs domaines effectuent quotidiennement des tâches de manutention. Ainsi , il n’y a pas que les manutentionnaires professionnels qui manutentionnent.

Selon les dernières statistiques, 56 % des troubles musculosquelettiques (TMS) que la CNESST a indemnisés de 2013 à 2017 étaient reliés à la manutention. Les contraintes, les situations variables et l’aspect imprévisible de cette tâche la rendent parfois plus compliquée à gérer pour un travailleur qui ne possède pas les connaissances nécessaires sur lesquels s’appuyer. « On pense que c’est facile, mais beaucoup de gens se blessent durant la manutention. Ce n’est pas parce qu’ils ne travaillent pas bien, mais simplement parce que les situations de manutention sont très variables et les tâches contraignantes. Cela rend parfois la manutention plus complexe », explique Denys Denis, chercheur à l’UQAM et responsable du champ Réadaptation au travail à l’IRSST.

Document de sensibilisation

L’IRSST a investi dans de nombreuses recherches sur la manutention au cours des dernières années. Les chercheurs se sont notamment intéressés à l’analyse du risque, à l’organisation du travail, à la documentation des savoir-faire et à la formation, si bien qu’une nouvelle approche de prévention a été proposée : la Stratégie intégrée de prévention en manutention (SIPM). Cette dernière encourage le travailleur à exercer son jugement, et ce, peu importe la situation dans laquelle il se trouve. Élaborée par Denys Denis, cette nouvelle stratégie est maintenant soutenue par un document visant à sensibiliser les différents intervenants et les milieux de travail à la prévention des TMS reliés à des tâches de manutention. Elle s’appuie sur la formation et l’intervention, et repose sur des principes d’action. « Les milieux de travail utilisent pour la plupart la formation aux techniques sécuritaires, comme de garder le dos droit et de fléchir les genoux, explique Denys Denis. Comme la complexité des tâches à accomplir n’est pas prise en compte, les études ont démontré que cette façon de procéder a des effets limités. »

Lorsque le travailleur effectue une tâche de manutention, il ne lui suffit pas de déplacer un objet du point A au point B. Il doit analyser les contraintes qui se dressent devant lui, que ce soit les charges qui varient en termes de poids et de volume ou les contextes qui diffèrent. Pour éviter de se blesser, il doit également prendre en considération les efforts qu’il devra fournir. Mais comment s’adapter à ces conditions en constante évolution? « Le travailleur doit développer des compétences et revoir, à chaque manutention, sa façon de faire, explique le chercheur. Les études ont montré que pour être performant sans se blesser, le travailleur doit développer trois compétences. » Celles-ci constituent en fait les étapes du processus décisionnel.

La situation de travail

Le travailleur doit d’abord prendre en considération les informations nécessaires sur la charge à déplacer et sur le lieu de la manutention. Il doit ensuite bien analyser la situation pour en évaluer le niveau de risques potentiels. Cette étape est nécessaire pour éviter les blessures.

Trouver les meilleurs compromis

En fonction de la lecture qu’il aura faite de la situation, le travailleur doit ensuite choisir la technique la plus appropriée à la situation de manutention qui se présente à lui. Il doit établir une stratégie pour diminuer l’intensité et la durée du chargement. Il doit faire des compromis, puisque chaque situation de manutention diffère et apporte son lot de défis.

Planifier son travail

Le travailleur doit finalement planifier son travail en établissant ses priorités et en coordonnant l’ensemble de ses tâches de manutention. Il arrivera ainsi à être plus efficace tout en misant sur la sécurité. « Comme les situations dans lesquelles se trouve le travailleur sont variables, il peut devenir difficile pour lui de choisir la bonne façon de faire. La SIPM vient donc au secours du manutentionnaire en l’aidant à exercer son jugement face à une diversité de situations de manutention et de contextes de travail », précise la conseillère en valorisation de la recherche, Édith Vinet, qui a collaboré au nouveau document de sensibilisation sur la SIPM. Combinant formation et intervention, cette stratégie permet aux intervenants et aux travailleurs de se questionner sur la pertinence des techniques utilisées. Le document de l’IRSST propose cinq principes d’action, qui permettent au travailleur d’adapter ses techniques selon les situations et contraintes qui se présentent à lui. Il s’agit de la réduction du chargement initial, de la répartition de ces chargements, de la stabilisation, de la continuité du mouvement et de la mise à profit des ressources. « Cela peut servir de grille de lecture aux intervenants afin de mieux préparer leur travail », ajoute Édith Vinet. Ces principes d’action, qui représentent les points communs de l’ensemble des techniques de manutention qu’utilisent les travailleurs, sont présentés dans le document qui peut être consulté en ligne.

Pour en savoir plus

DENIS, Denys. Vers une stratégie intégrée de manutention en prévention, DS-1057, 28 pages.

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