Les trappes sur les toits : à ne pas négliger!

Par Valérie Levée

24 avril 2019

Contrairement à la croyance populaire, sur un toit, les risques de chute n’apparaissent pas seulement en bordure. Les trappes d’accès aux toits, lorsqu’elles sont ouvertes, présentent aussi des risques de chute importants. Pour prévenir ces risques, la Commission scolaire des Patriotes (CSP) a décidé de sécuriser ces trappes avec des garde-corps autoportants.

Plusieurs fois par année, des travailleurs doivent passer par une trappe afin d’accéder à un toit pour y effectuer certaines tâches, par exemple changer les filtres des appareils de ventilation. Occasionnellement, ils doivent aussi monter sur un toit pour nettoyer un drain ou revoir l’étanchéité de la membrane. « Quand il y a de la circulation sur les toits, si la trappe demeure ouverte et qu’on n’y porte pas attention, il y a un risque de chute, lorsqu’il y a absence de garde-corps », décrit Marie-Ève Proulx, régisseuse en prévention pour la santé et la sécurité au travail au Service des ressources matérielles de la CSP. Étant donné les 58 toits de bâtiments accessibles par une trappe, les risques de chute ne sont donc pas négligeables à la CSP, et il convenait de circonscrire chaque trappe à l’aide de garde-corps. D’ailleurs, l’article 14 du Règlement sur la santé et la sécurité du travail (RSST) précise notamment que les planchers ne doivent comporter aucune ouverture susceptible de causer un accident à moins qu’elle ne soit ceinturée d’un garde-corps.

La CSP a donc engagé un processus de sécurisation des trappes et consulté plusieurs fournisseurs pour comparer les solutions envisageables. « On cherchait un système qui permet un appui pour faciliter l’accès au toit et réduire les postures contraignantes à la sortie et à l’entrée de la trappe », précise Marie-Ève Proulx. Après consultation auprès des employés, la CSP a fixé son choix sur les garde-corps autoportants de l’entreprise Delta Prévention. « Ces garde-corps ne nécessitent pas de perforation dans la membrane de la toiture et n’endommagent donc pas l’intégrité physique du bâtiment. Et ils sont en aluminium. Donc, ils résistent à la corrosion », note Marie-Ève Proulx pour justifier leur choix. Ils ont été installés sur les 58 bâtiments durant l’été 2018.

Autour de la trappe

Le garde-corps, installé tout autour de la trappe, présente une porte du côté de l’échelle. Si la trappe se trouve en bordure du toit, la porte est dirigée vers le centre du toit. « Il est autoportant dans le sens où il n’est pas ancré dans le toit. Il est installé en pression autour du cadre de la trappe par des tiges filetées qui permettent de créer une tension autour du cadre », explique Pierre-Olivier Benoit, directeur des ventes et du marketing chez Delta Prévention. De plus, ce type de garde-corps est conforme aux normes de sécurité prévues à l’article 12 sur les garde-corps de la section III du RSST. Cet article définit aussi ces conditions : 900 newtons ou 200 livres de résistance horizontale et 450 newtons ou 100 livres de résistance verticale. « Pour faciliter le franchissement de la trappe, il est aussi prévu un espace libre où se tenir avant de descendre, ou quand on sort de la trappe », commente Pierre-Olivier Benoit. Sans cet espace, un travailleur en haut de l’échelle aurait le nez collé sur la porte et ne manquerait pas d’être déséquilibré au-dessus du vide en tentant de se redresser. Cet espace permet de garder le corps avancé, de s’agripper sur le garde-corps, de se redresser et ensuite de franchir la porte. Selon Marie-Ève Proulx, les travailleurs apprécient grandement le fait de pouvoir tenir le garde-corps par les mains pour prendre pied sur le toit. « Nous veillons à améliorer nos processus de façon continue, à rester à l’affût des nouveautés et à prendre des mesures pour faciliter et sécuriser les travaux sur les toitures de nos établissements », résume-t-elle.

Au-delà de la trappe

Même si la trappe est sécurisée, les travailleurs ne doivent pas oublier qu’une fois sur le toit, les risques de chute demeurent présents et doivent être circonscrits. La situation peut s’avérer particulièrement critique, par exemple, si une trappe se trouve à moins de deux mètres du rebord du toit. « Si on sort du garde-corps et qu’on s’approche à moins de deux mètres de tout endroit où un travailleur peut chuter de plus de trois mètres, on est à risque. Il faut donc un garde-corps sur le bord du toit à cet endroit-là aussi », prévient Pierre-Olivier Benoit.

M. Benoit préconise d’ailleurs d’installer un garde-corps dans la zone située derrière la trappe, et de part et d’autre de celle-ci. Il existe des garde-corps autoportants à contrepoids qui s’installent facilement sans percer la membrane pour les ancrer dans le toit. Selon ce principe, le contrepoids des garde-corps de Delta Prévention est assuré par un bloc de 50 livres fait de caoutchouc recyclé à partir de pneus usagés. « On a choisi de les faire en caoutchouc parce que c’est un matériau très adhérent. L’enjeu n’est pas seulement d’empêcher le garde-corps de basculer, mais aussi de glisser », précise Pierre-Olivier Benoit.

Delta Prévention n’a pas installé ses garde-corps autoportants uniquement sur les toits de la CSP. Parmi les établissements d’enseignement où l’on trouve les garde-corps de l’entreprise, M. Benoit mentionne notamment le cégep de Jonquière, l’Université McGill et l’Université du Québec à Trois-Rivières. Dans le milieu industriel, il donne l’exemple des installations de Danone à Boucherville. « Le toit n’est pas à un seul niveau. Il y a beaucoup de hauteurs de toits différentes et d’échelles », explique-t-il. Comme quoi, sur un toit, tout risque de chute est à prendre en considération.

Hiérarchie des moyens de prévention

Selon le principe de hiérarchie des moyens de prévention, il faut d’abord remettre en question le travail en hauteur. Si ce n’est pas possible (ex. : pour travailler sur un toit), il faut contrôler le danger par des moyens collectifs. Louis Verville, conseiller-expert en prévention-inspection à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), explique : « Il faut toujours favoriser l’installation d’un système collectif tel que des garde-corps. L’utilisation d’équipements de protection individuelle comme le harnais de sécurité doit toujours être la dernière option. Si c’est ce moyen qu’on privilégie, le travailleur devra alors être équipé d’un harnais de sécurité et s’attacher à l’aide d’un coulisseau à une corde d’assurance verticale ou à un point d’ancrage d’au moins 18 kilonewtons (4 000 livres) de résistance prévue à cette fin. » Et il faudra prévoir un programme de prévention qui inclut non seulement l’inspection des harnais et la formation des travailleurs, mais aussi l’évacuation en cas de chute quand une personne est suspendue dans le vide. Car avec l’utilisation du harnais, on n’élimine pas les risques de chute; une chute peut se produire et on ne fait que limiter les conséquences de celle-ci.

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