Camion sous tension…
Par Karolane Landry
24 avril 2019
Alors qu’un travailleur décharge le contenu d’un camion-grue, le mât de celui-ci entre en contact avec la ligne aérienne sous tension d’un réseau électrique, provoquant ainsi une décharge électrique et causant la mort du travailleur.
Simulation de l’accident (animation 3D libre de droits)
Que s’est-il passé?
Le 18 juillet 2018, trois travailleurs arrachent de vieux bardeaux d’asphalte sur un toit. Vers 9 h 30, un opérateur de camion-grue arrive sur les lieux pour la livraison de matériaux. Il se stationne en marche arrière en façade du bâtiment, directement sous les lignes électriques. Après une première vérification de sa position, il recule davantage le camion vers la résidence, toujours sous les lignes électriques. Les travailleurs sur le toit mentionnent à l’opérateur qu’il est trop près des fils et l’invitent à se stationner du côté nord de la résidence, où l’espace est suffisant. Toutefois, l’opérateur maintient son emplacement. Une fois le camion stationné, il sort les stabilisateurs et lève le mât de la grue. Il utilise un système télécommandé avec un contrôle portatif léger pour opérer la grue à partir du sol. Lors de la manœuvre de sortie, la flèche entre en contact avec les fils inférieurs de télécommunication.
Vers 10 h, une fois le mât déployé, une première palette de manutention est soulevée et amenée sur le toit. L’opérateur du camion-grue manœuvre ensuite pour transporter la deuxième palette sur le toit. Alors que la plupart des travailleurs sur le toit font dos au camion, ils entendent un grondement. En se retournant, ils observent un arc électrique à l’endroit où se situe le stabilisateur arrière droit, puis un début d’incendie sur le camion. Un des travailleurs constate que le camion est sous tension et voit l’opérateur se déplacer vers la remorque en manœuvrant d’un côté et de l’autre la manette de contrôle, tout en regardant le mât. Il indique à l’opérateur de ne pas toucher au camion, mais celui-ci lui répond qu’il doit arrêter le moteur. Il dépose donc le contrôle portatif léger et se dirige vers la cabine. Il est alors projeté et tombe au sol. Deux des travailleurs descendent immédiatement du toit pour aller lui prodiguer les premiers soins. Les services d’urgence arrivent et la victime est transportée à l’hôpital, où son décès est constaté.
Qu’aurait-il fallu faire?
Les manœuvres de déchargement à partir de camions-grues ne devraient jamais être effectuées directement sous des lignes électriques. Dans le Code de sécurité pour les travaux de construction, à la section « Travaux près d’une ligne électrique », il est stipulé que « l’employeur doit veiller à ce que personne n’effectue un travail pour lequel une pièce, une charge, un échafaudage, un élément de machinerie ou une personne risque de s’approcher d’une ligne électrique à moins de la distance d’approche minimale spécifiée […] ». Dans le cas présent, comme la tension électrique est de moins de 125 000 volts, la distance d’approche minimale à respecter est de 3 mètres. Le camion étant sous tension, lorsque le conducteur touche à la portière avec sa main, il reçoit une décharge électrique. Par ailleurs, des procédures de supervision doivent être mises en place pour que l’on s’assure que l’opérateur respecte les règles internes une fois sur les lieux de livraison. Également, selon la Loi sur la santé et la sécurité du travail, « l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique du travailleur. Il doit notamment : […] informer adéquatement le travailleur sur les risques liés à son travail et lui assurer la formation, l’entraînement et la supervision appropriés afin de faire en sorte que le travailleur ait l’habileté et les connaissances requises pour accomplir de façon sécuritaire le travail qui lui est confié ».
Notre personne-ressource : Pierre Privé, coordonnateur aux enquêtes, Direction générale de la prévention-inspection et du partenariat de la CNESST
Enquête réalisée par : Michel Ross et Simon-Pierre d’Amours, inspecteurs, Direction régionale du Bas-Saint-Laurent de la CNESST